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Dans Neandertal, David Geselson s’inspire de plusieurs figures de scientifiques réelles du XXème siècle. À partir de leurs biographies, il construit une fiction où l’intime entre en résonance avec une Histoire rendue chaotique par la nature destructrice de notre espèce.
Vos pièces précédentes étaient toutes centrées sur une figure particulière : En route Kaddish (2014) sur votre grand-père, Doreen (2016) sur le philosophe et militant André Gorz, Le Silence et la Peur (2020) sur Nina Simone. Qu’en est-il de Neandertal ?
David Geselson : C’est le paléogénéticien Svante Pääbo, Prix Nobel et auteur du récit autobiographique Néandertal, à la recherche des génomes perdus, qui est au cœur de cette pièce. Écrit comme un roman policier, son livre offrait une très bonne base d’écriture. Il y raconte sa recherche avec son équipe de l’Institut Max Plank de Leipzig, qui lui a permis de découvrir le génome complet de l’homme de Néandertal. Plus que ses recherches en elles-mêmes, c’est la manière dont l’intimité du chercheur a agi sur son travail scientifique qui m’intéresse. Neandertal s’inscrit ainsi pour moi dans un cycle fait des créations que vous avez citées, qui toutes mettent en résonance l’intime et l’Histoire.
D’autres figures de scientifiques se retrouvent aussi dans votre fiction. Quel cadre leur avez-vous donné ?
D.G. : Les autres personnages sont en effet inspirés de Craig Venter, ancien GI devenu généticien et dont le génome complet a été le premier à être séquencé, de Maja Paunović du musée d’Histoire naturelle de Zagreb qui a fourni les premiers échantillons d’os exploitables de l’homme de Néandertal. Les parcours de Rosalind Franklin, découvreuse de la structure de l’ADN, et de Gregor Mendel, considéré comme l’un des pionniers de la génétique moderne, nourrissent aussi la pièce, qui s’étend sur 35 ans à partir de 1986 et nous fait traverser les continents.
Trois ans de recherche vous ont été nécessaires pour créer cette pièce. Quel a été votre processus de travail ?
D.G. : J’ai d’abord écrit seul, après m’être beaucoup documenté. Puis j’ai constitué une équipe de six comédiens, qui fait écho au groupe formé par Svante Pääbo. Parmi eux, deux ont déjà travaillé sur mes pièces précédentes : Elios Noël et Laure Mathis. Il était très important pour moi de les retrouver au plateau – je joue aussi dans la pièce –, car j’adopte le même processus d’écriture que dans En route Kaddish et Doreen. Les comédiens collaborent beaucoup à la construction de la pièce. Nous avons notamment suivi ensemble des cours de paléogénétique au Musée de l’Homme, afin de pouvoir saisir les enjeux émotionnels de la recherche scientifique.
Que nous disent vos scientifiques de l’état actuel de notre espèce ?
D.G. : Une des choses qu’il m’intéresse le plus de dire dans cette pièce, c’est que Sapiens se retrouve aujourd’hui dans une situation proche de celle de Néandertal avant sa disparition : notre niche écologique est largement détruite et notre fécondité est en baisse. En exerçant la faculté de Sapiens à raconter des histoires, j’aimerais dire que l’on peut agir, s’offrir la possibilité de survivre.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
à 15h, relâche le 9. Tel : 04 90 27 66 50. Durée : 2h30.
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