La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre

Myriam Saduis et Valérie Battaglia / Amor mundi

Myriam Saduis et Valérie Battaglia / Amor mundi - Critique sortie Théâtre Cergy-Pontoise Théâtre 95
Myriam Saduis Crédit photo : Serge Gutwirth

Publié le 24 mars 2015 - N° 231

« Penser est la seule façon de lutter contre le mal dans le monde. »  Pourquoi choisir de construire un spectacle autour […]

« Penser est la seule façon de lutter contre le mal dans le monde. »

 Pourquoi choisir de construire un spectacle autour d’Arendt ?

Myriam Saduis : J’ai toujours pensé que la vie d’Arendt était très liée à son travail. Ce n’est pas une pensée qui s’élabore en dehors de l’existence, de l’expérience : du fait des circonstances historiques, évidemment, mais peut-être aussi parce que c’est une femme. D’où cette idée de travailler sur le pont entre la pensée et l’expérience, le concret et l’abstrait : comment dominer l’un sans dominer l’autre ? Une jeune femme qui se disait apolitique, qui ne s’intéressait qu’à la philosophie, la poésie et la littérature allemandes a vu sa vie tranchée par le fracas de l’Histoire, la montée du nazisme et de l’antisémitisme. Elle avait commencé sa vie philosophique par une thèse sur le concept d’amour chez Augustin et a été arrachée à la philosophie et à l’Allemagne pour devenir une exilée sans papiers : son œuvre suivante, c’est Les Origines du totalitarisme.

Comment avez-vous travaillé à cette adaptation ?

Valérie Battaglia : Nous avons écrit le texte ensemble et l’avons travaillé avec les acteurs en choisissant des axes montrant comment vie et pensée étaient reliées autour des thématiques de l’exil et de la vie de l’esprit. Tandis que nous vivons, nous nous retirons de l’expérience pour penser, spéculer, parler avec les morts et choisir ses compagnons dans le passé. Au milieu des relations qu’elle entretient avec ceux qui composent ce qu’elle appelle sa « tribu », Arendt dialogue avec Hölderlin, Périclès, Socrate. Philosopher, c’est dialoguer.

M. S. : Les six personnes réunies forment un groupe. Nous tenons à montrer que la pensée n’est pas réservée à une catégorie de gens spéciaux. « Il faut se réjouir que penser n’appartient plus aux penseurs professionnels », disait Arendt. Penser est la seule façon de lutter contre le mal dans le monde.

Quelle est l’actualité de cette œuvre ?

V. B. : Arendt pose des questions jamais pensées avant elle. Elle est – avec son ami Hans Jonas – de ceux qui nous ont fait sortir de la modernité qui croyait en un progrès et une croissance illimités. En pensant les horreurs du XXème siècle, elle nous incite à affronter nos responsabilités : l’avenir de notre planète et de notre espèce est entre nos mains.

M. S. : De même qu’Arendt dialoguait avec les morts, nous pouvons dialoguer avec elle et les siens, qui nous offrent les questions que nous sommes responsables de penser. En revenant dans notre monde, ils nous font revenir à nous et à notre condition de terriens.

Catherine Robert

 

A propos de l'événement

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