La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

La Révolte

La Révolte - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre des Bouffes du Nord

Théâtre des Bouffes du Nord / d’Auguste de Villiers de L’Isle-Adam / mes Marc Paquien

Publié le 24 mars 2015 - N° 231

Marc Paquien retrouve Anouk Grinberg qui interprète (avec Hervé Briaux) La Révolte, de Villiers de L’Isle-Adam : portrait d’une âme vibrante et libre, à l’image de celle des artistes qui créent ce spectacle.

« Le portrait d’une femme scandaleuse et mélancolique. »

En même temps que le portrait d’une femme, Villiers fait celui d’une époque. Quelle est-elle ?

Marc Paquien : C’est une époque passionnante, dont Villiers analyse les rouages avec vingt ou trente ans d’avance. En 1870, la France commence à peine à sortir des révolutions, elle vient de connaître la guerre. Villiers pressent l’arrivée au pouvoir du monde des affaires, le monde positiviste de ceux qui croient au réel, à la science qui avance, grâce à l’électricité et au chemin de fer, au mépris de l’âme. Villiers, qui était un original, un brasier incandescent, rêvait d’un autre monde : le réel du vivant, celui d’une quête intérieure, de la poésie, de la nature. Villiers était fou de Wagner : je crois qu’il y a quelque chose entre le tonnerre et le silence où ils se rejoignent. D’une certaine manière, Villiers veut tuer le théâtre de son temps : « Il faudra affoler le lecteur, oui je me flatte d’avoir enfin trouvé le chemin de son cœur au bourgeois ! Je l’ai incarné pour l’assassiner plus à loisir et plus sûrement. », écrit-il à Mallarmé.

Qui est Madame Elisabeth, l’héroïne de La Révolte ?

M. P. : A l’époque, les femmes sont des objets : des ventres ou des esclaves. Leur vie est entièrement dévolue aux autres. Celle-là se révolte. Elle a vécu dans le silence et l’acceptation, mais, un soir, elle fait le compte de ce que sa dot a rapporté à son mari et de ce qu’il lui doit, elle lui laisse son enfant qui ne l’intéresse pas et elle part. Non pas pour un autre amour, comme Madame Bovary, mais pour vivre. La Nora d’Ibsen, dix ans plus tard, est un personnage plus construit, moins animal en sa révolte que Madame Elisabeth, qui n’est autre que Villiers lui-même ! La Révolte n’est pas un drame bourgeois ou un vaudeville, mais le portrait d’une femme scandaleuse et mélancolique.

Vous retrouvez Anouk Grinberg avec ce spectacle…

M. P. : Anouk est comme une sœur de théâtre. Après Molly Bloom, je voulais la retrouver. J’ai pensé à ce texte – qu’avait monté Alain Ollivier, hommage lui soit rendu – sur le silence et la révolte de cette femme qui s’adresse non seulement à toutes les femmes, mais vient réveiller en chacun d’entre nous le désir de vivre, et interroge nos propres captivités.

Propos recueillis par Catherine Robert

Théâtre des Bouffes du Nord, 37bis, boulevard de la Chapelle, 75010 Paris. Du 2 au 25 avril 2015. Du mardi au samedi à 21h. Tél. : 01 46 07 34 50.

 

A propos de l'événement

La Révolte
du jeudi 2 avril 2015 au samedi 25 avril 2015
Théâtre des Bouffes du Nord
37 Boulevard de la Chapelle, 75010 Paris, France

Du mardi au samedi à 21h. Tél. : 01 46 07 34 50.

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