Danse - Entretien / Myriam Gourfink
Myriam Gourfink crée Glissement d’infini
Entretien / Myriam Gourfink
Centre Pompidou / chor. Myriam Gourfink
Publié le 23 mars 2019 - N° 275
Chorégraphe de mouvements qu’impulse la respiration, d’une lenteur qui devient virtuose, Myriam Gourfink crée Glissement d’infini au Centre Pompidou. Dans cette pièce de quatre heures pour cinq danseuses, inspirée par la figure du serpent, le public est invité à entrer et sortir à sa guise, à se mouvoir comme bon lui semble.
D’où est venue votre envie de travailler à partir de la figure du serpent ?
Myriam Gourfink : En dansant en pleine nature. J’explorais le mouvement dans un endroit où la terre était très meuble, aussi chacun de mes appuis glissait. J’ai ensuite transposé l’expérience en studio en étudiant le spectre des appuis glissés : de l’effleurement, en passant par le contact, jusqu’au transfert de poids. Essayant toutes les combinatoires, j’ai abandonné la reptation au profit d’un jeu plus inattendu : le glissement de la tête, des mains et pieds au sol, pour soulever coudes, genoux et bassin.
« La chorégraphie joue avec une gradation de contraintes concernant la motricité de la tête. »
Comment cela impacte-t-il la danse, votre vocabulaire ?
M.G. : C’est essentiellement la contrainte de garder la tête au sol, qui a, pour ainsi dire, opéré une mue, ou plus concrètement un changement de mes habitudes motrices. En effet, dans le travail que je développe depuis vingt ans, dont le principe est de laisser des respirations très amples guider le mouvement, la tête se soulève ou se dépose au sol spontanément pour faire contrepoids. La contrainte, consistant à garder constamment la tête au sol, oblige à trouver de nouvelles circulations et une intensification du gainage. Toute la dramaturgie de Glissement d’infini est une évolution des mouvements de tête, celle-ci une fois soulevée devient l’initiatrice du mouvement. La chorégraphie joue avec une gradation de contraintes concernant la motricité de la tête.
Que change dans votre composition le fait de créer pour un espace non frontal, pour un public nomade dans un temps long ?
M.G. : En explorant en studio, le temps long ainsi que la forme non frontale se sont imposés. C’est donc la pratique qui a conduit au choix du format. La juxtaposition des indications de glissements et des contraintes concernant la tête génèrent des déplacements sinueux. Ces chemins sinueux, plein de retournements, induisent un temps long et appellent la proximité du public. Ces sinuosités sont l’emblème de ce projet, elles proposent délibérément un corps inefficace, qui savoure son rapport au sol, à l’espace qui l’entoure et au temps.
Propos recueillis par Delphine Baffour
A propos de l'événement
Myriam Gourfink crée Glissement d'infinidu vendredi 12 avril 2019 au dimanche 14 avril 2019
Centre Pompidou
place Georges Pompidou, 75004 Paris
Le 12 avril à 19h, les 13 et 14 avril à 15h30. Tél. 01 44 78 12 33. Durée : 4h.