La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien Charles Berling

Musique à hauteur d’hommes

Musique à hauteur d’hommes - Critique sortie Théâtre Toulon Théâtre Liberté
Charles Berling

Publié le 5 septembre 2012 - N° 201

En codirection du théâtre de Toulon depuis un an, Charles Berling ouvre la saison avec un spectacle autour des figures singulières du pianiste Glenn Gould et du violoniste Yehudi Menuhin. Pour voir (et entendre) la musique classique d’un œil nouveau.

Qu’est-ce qui relie Glenn Gould et Yehudi Menuhin ?

Charles Berling : Gould et Menuhin sont deux figures singulières et peu académiques de la musique au vingtième siècle, mais ils sont différents sur bien des points. Gould a refusé de jouer en public à partir de 32 ans ; jusqu’à la fin de sa vie, Menuhin a voulu aller à la rencontre du public. Gould était dans une posture de misanthrope ; Menuhin s’est bâti une légende de grand humaniste. Musicalement, Gould le protestant était dans l’analyse ; Menuhin le juif, dans le legato, le vibrato, un jeu de l‘instinct et de l’émotion. Toutes ces oppositions structurent le spectacle, on parle de musique et d’art pour aller à la rencontre de questions universelles, je ne veux pas que ce soit un spectacle pour les spécialistes.

« On parle de musique et d’art pour aller à la rencontre de questions universelles. »

Comment vous est venue l’idée de cette pièce ?

C.B. : C’est une façon de régler mes comptes avec le très mauvais enseignement de la musique que j’ai pu avoir à l’école. Ami Flammer est un ami depuis trente ans. Il a très bien connu Menuhin et c’est un professeur de musique qui aime raconter à ses élèves les dessous de la musique. C’est aussi notre rencontre théâtrale qui fabrique ce spectacle.

Quel dispositif avez-vous choisi pour confronter ces deux figures ?

C.B. : Une moitié de la scène est envahie par la technologie, du côté de Gould. De l’autre côté, le plateau nu, une chaise et un violon, c’est Yehudi Menuhin. Ami Flammer et moi ne nous prenons pas pour ces personnages mais nous interprétons ces deux entités théâtrales avec entre nous une jeune comédienne, Aurélie Nauzillard, qui sert de témoin, joue la candide et chante aussi du Petula Clark. Le sujet n’empêche pas d’être clownesque. Il s’agit aussi de s’interroger sur la place de la technologie dans le spectacle vivant aujourd’hui, sur le rapport de séduction de l’artiste à son public, ou encore sur la capacité de l’art à rendre l’humain meilleur.

Et d’écouter de la musique ?

C.B. : Bien sûr. Bach, Beethoven ou encore Schönberg ont été magistralement interprétés par ces deux musiciens. Mais là encore, il s’agit de ne pas céder à l’idolâtrie. Pour montrer la complexité de ces personnages, pour aller au-delà des idées reçues, on aborde également la question de la souffrance physique qu’impliquent la pratique d’un instrument et la dimension sacerdotale de leur engagement.

Propos recueillis par Éric Demey

A propos de l'événement

Musique à hauteur d’hommes
du jeudi 20 septembre 2012 au dimanche 23 septembre 2012
Théâtre Liberté
place de la Liberté, Toulon

à 20h30, dimanche à 16h. Tél : 04 98 00 56 76.
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