La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien José-Manuel Gonçalvès

Le Centquatre, lieu du Tout-Monde

Le Centquatre, lieu du Tout-Monde - Critique sortie Théâtre Paris Le Centquatre
Crédit photo : Benoit Linero

Publié le 5 septembre 2012 - N° 201

José-Manuel Gonçalvès est directeur du Centquatre depuis deux ans. A la proue de ce grand vaisseau culturel, situé à la frontière des 18ème et 19ème arrondissements de Paris, il fédère les artistes, les praticiens amateurs, les spectateurs, publics éclairés ou simples curieux.

 « Notre identité ne se fonde pas sur l’exclusivité, mais sur le partage. »

Comment rendre compte d’une programmation aussi foisonnante que celle de la saison à venir ?

José-Manuel Gonçalvès : La programmation est foisonnante, et le nombre de projets est impressionnant : c’est une première évidence. Mais si on se contente d’aligner les spectacles, on ne rend compte ni de la réalité, ni de l’esprit du lieu. Celui-ci est marqué par la multi-activité autant que par la pluridisciplinarité. Du point de vue des professionnels, le Centquatre peut être considéré en fonction de sa programmation ; mais du point de vue du public, c’est d’abord un lieu, le lieu du « Tout-Monde », à la manière dont le définit Edouard Glissant. Le Centquatre est une cité dans la cité, agençant, de manière originale, contenus et pratiques, et accueillant des amateurs, des artistes en répétition, des commerces, des défilés, des activités pour la petite enfance : un lieu pour tous les publics.

Qui sont ceux qui se croisent au Centquatre ?

J.-M. G. : Il ne s’agit pas de privilégier une population au détriment d’une autre. Toutes les pratiques ne sont pas équivalentes, mais, pour autant, la plupart sont recevables, celles de ceux dont c’est le métier comme les autres. Tous les jours, plusieurs dizaines de jeunes qui pratiquent le théâtre, la danse, le hip-hop, s’emparent du lieu. L’espace de la nef centrale leur est ouvert, quand elle n’est pas occupée par des propositions artistiques particulières. Cet espace traversant, qui rejoint la rue Curial à la rue d’Aubervilliers, n’est justement pas une rue qu’on traverse, mais plutôt une multitude de places. Chacun s’y installe à sa guise, sachant que la seule règle de régulation, c’est l’écoute. On n’est pas contrôlé à l’entrée, ce qui est exceptionnel à Paris ; et même si des agents veillent au bon équilibre entre tous, le principe de l’autorégulation prime et fonctionne. On ne connaît pas nécessairement ceux qui investissent ces espaces : même si ceux qui veulent venir nous trouver sont les bienvenus, il n’y pas d’identification au départ. C’est ainsi qu’on apprend par hasard que le chorégraphe de Shakira vient faire répéter ou que Mathieu Amalric improvise dans la nef, sollicités par des amateurs ! Ce qui qualifie l’espace, c’est la liberté de ce qui s’y passe. Une telle liberté de circulation est rarissime : on la vit un peu dans les musées, mais rarement dans les espaces d’attente des salles de spectacles. Cette liberté tient aussi au fait que le Centquatre mêle les pratiques.

Derrière la multitude des propositions, quels repères ?

J.-M. G. : Nous proposons un abonnement, mais les propositions initiales ne correspondent qu’à 70% de la programmation finale : les équipes en répétition peuvent être prêtes de trimestre en trimestre, des collaborations avec d’autres porteurs de projets ou lieux pouvant naître à tout moment, nous voulons conserver la liberté de les programmer quand elles sont prêtes. Tout au long de l’année, un trimestriel complète donc la programmation. Cela permet de laisser une grande liberté aux artistes et au public. La colonne vertébrale du lieu est constituée par les grandes expositions d’art contemporain : Par Nature, qui commence en septembre, et la rétrospective Keith Haring, l’une des stars mondiales du street art, qui commence en avril 2013. Ces deux expositions vont structurer la circulation dans le lieu. La deuxième ligne de force est dictée par les artistes associés au Centquatre. Mais là encore, pas d’exclusivité : la moitié de la programmation est constituée par des spectacles créés en partenariat avec d’autres lieux. Notre programmation est bâtie sur la création et la coopération avec ces lieux : notre identité ne se fonde pas sur l’exclusivité, mais sur le partage.

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Le Centquatre
104, rue d'Aubervilliers / 5, rue Curial, 75019 Paris.

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