« Léviathan » : Gwendoline Destremau revisite la figure de Cassandre
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La Compagnie Piment Langue d’Oiseau s’empare du texte d’Alex Lorette, qui imagine une jeune adolescente prise au piège du harcèlement. La pièce met en scène méticuleusement le processus fatal du repli sur soi et de la honte, au sein des sphères familiales, scolaires et amicales.
Il y a Camille, sa mère, Mila et « la bande ». Les comédiens (Manon Charrier, Benjamin Lamy Berrué, Alice Le Bars et Zélie Thareaut) joueront tour à tour tous les rôles. Camille est une adolescente timide devenue bouc émissaire de « la bande ». Mila est une sorte d’amie imaginaire. Et puis il y a l’école, la cour de récré, l’écran du téléphone et le cours de piano. Un à un, les chapitres de la pièce sonnent comme une horloge à retardement et mettent en place l’infecte spirale. Chapitre 1 : le baptême. Camille sera la « grosse cochonne » du collège. Ensuite, il y a les attaques physiques, les moqueries publiques, et l’humiliation. En interprétant chacun leur tour la jeune fille et les membres de « la bande », les comédiens avertissent : il n’y a aucune prédétermination à être harcelé.
À l’école comme à l’abattoir, le piège finit toujours par être fatal
Le plateau est blanc, aseptisé. Des portants métalliques roulants ajustent l’espace, dévoilant les lieux où Camille, peu à peu, s’enfonce dans son mal-être. Sa mère ne voit rien. « Je suis passée à côté. Je ne me suis pas rendu compte » dira-t-elle une fois le drame survenu. Il y a aussi cette étonnante narration parallèle qui met en scène Albi, un porc albinos qui doit faire sa place parmi les siens et qui, avec assurance, se dirige droit vers sa fin. L’ensemble dévoile avec adresse un processus invisible et destructeur que l’on peine trop souvent à imaginer. Il est aisé de ne pas voir, y compris chez les encadrants scolaires qui refusent « toute responsabilité ». Cruelle mais nécessaire, la pièce résonne terriblement et met en lumière ce qui est tu. Avec beaucoup de tact, les comédiens assurent un jeu réaliste où le pathos ne prend jamais le pas sur le propos, mais souligne le drame avec précision, fournissant matière à réflexion.
Louise Chevillard
à 10h, les jours impairs, relâche le 9. Tél : 09 52 42 66 72. Durée : 1h30. À voir aussi par la Compagnie Piment, langue d’oiseau Michelle doit-on t’en vouloir d’avoir fait un selfie à Auschwitz ? de Sylvain Levey à 10h les jours pairs, relâche les 2 et 16.
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