Une Chenille dans le cœur
Rythmée et inventive, jouant sans esbroufe et [...]
Avignon / 2015 - Entretien Emilie Valantin
Compagnie de référence dont les marionnettes ont voyagé autour du monde, présente dans le In à plusieurs reprises, Emilie Valantin met en scène trois moments de Molière au plus près du texte.
Quels sont ces trois extraits de pièces de Molière que vous présentez ?
Emilie Valantin : Nous jouons trois moments de pièces de Molière qui nous ont paru les plus accessibles et divertissants, en direction de la jeunesse mais aussi de l’international. J’aime beaucoup ces scènes fondamentales pouvant être jouées dans n’importe quel pays. Sans mise en scène transposée, décalée ou actualisée, nous jouons au plus près du texte, en toute humilité. C’est du Molière de chez Molière ! Ces trois scènes sont celles qui, enfant, m’avaient le plus amusée et donné envie d’aller au théâtre. Le mariage désaccordé de Dandin d’abord, enserré dans les contraintes de la vie familiale et sociale, où la misère des situations et l’humiliation de Dandin me touchent, avec la scène du retour du bal. Puis Le Médecin malgré lui, à travers la scène de la vengeance de Martine sur son mari Sganarelle, une scène de coups de bâton interrogeant les thèmes de la superstition, la crédulité, l’obscurantisme et la violence. Enfin, Le Malade Imaginaire et la fameuse scène où Toinette conseille à Argan de faire le mort pour découvrir les sentiments de ses proches, elle gouverne un peu comme Scapin va gouverner son maître, même si, malgré leur talent, ces gens ne s’élèvent pas de leur condition sociale. Sous le rire et le grotesque, pointe l’amertume !
Qu’est-ce qui relie ces trois pièces ?
E. V. :J’ai utilisé pour relier les scènes les “Compagnons du Guet“ ou “le Guet Bourgeois“, qui assuraient après le couvre-feu une ronde de nuit pour vérifier que tout le monde avait éteint les feux à la cloche, qu’un seau d’eau était disponible en cas d’incendie, et pour apaiser les querelles. Comme une sorte de police de proximité et des hommes à tout faire garantissant la sécurité, ils étaient au courant de tout ce qui se passait. Interprétés par deux comédiens masculins, les compagnons introduisent les histoires et les situations. J’aime me plonger dans le quotidien de cette époque, et la mise en scène a le souci concret des détails. Cette façon de réinvestir Molière au cœur de la vie quotidienne permet de mesurer et questionner les progrès accomplis, de rire et de réfléchir ! Nous sommes heureux de jouer au Pittchoun Théâtre dirigé par Harold David, qui nous accompagne avec attention.
Quelles sont les marionnettes que vous utilisez ?
E. V. : La rencontre entre Molière et les marionnettes, c’est une évidence ! Pour ces trois scènes, nous utilisons trois techniques de marionnettes différentes et trois manipulateurs. Pour Dandin nous avons construit des marionnettes un peu penchées qui se dandinent, pour LeMédecin, des marionnettes à gaine qui attrapent, dans la tradition lyonnaise, et pour Le Malade, des marionnettes à fils. Pratiquer la marionnette d’une façon aussi simple et directe en compagnie de Molière, pour nous, c’est d’une suprême insolence !
Propos recueillis par Agnès Santi
Avignon Off.
à 10h. Tél : 04 90 27 12 49. A la Maison Jean Vilar le 7 juillet, lectures par Emilie Valantin de textes de l’auteur argentin Roberto Arlt.
Rythmée et inventive, jouant sans esbroufe et [...]