« À Huis Clos » de Kery James et avec Jerôme Kircher, confrontation au sommet
L’artiste aux mille facettes Kery James [...]
Théâtre - Entretien / Maryse Estier
En adaptant la tragédie inspirée au poète Schiller par le terrible destin de la Reine d’Ecosse, Maryse Estier, artiste associée au Théâtre Montansier, confirme son attrait pour la fresque historique. Avec cette nouvelle création, la metteuse en scène entend faire résonner les questions de genre et celles des violences qui leur sont attachées.
« J’ai un goût particulier pour ces fresques historiques, pour ces pièces hors cadres, qui tient d’abord à la rythmique de la langue. Elles sont magnifiquement écrites. Elles impriment un rythme en poussant le théâtre dans ses retranchements, dans une grande variation de registres. J’aime assumer cette variation des registres. Mary Stuart m’offre cette opportunité. Il y a beaucoup de violence dans cette tragédie, et tous les rouages qui y conduisent sont exposés, créant autant d’ouvertures pour des situations absurdes, jusqu’au clownesque. Ces pièces classiques m’attirent également parce qu’elles autorisent une distance que j’estime nécessaire à l’observation des violences du monde qui est le nôtre. Je ne me propose pas de mettre en scène la rivalité entre deux femmes, deux reines, Elisabeth Tudor, Reine d’Angleterre et Marie Stuart, Reine d’Ecosse. Je veux raconter l’histoire de deux femmes qui avaient le pouvoir mais pas la liberté.
Créer un univers onirique
Après l’adaptation de L’Aiglon, projet fondateur pour la compagnie, je voulais poursuivre avec la même équipe artistique issue de l’ENSATT Lyon notre travail sur l’adaptation d’œuvres classiques dont les enjeux résonnent aujourd’hui. Nous nous sommes lancés dans une aventure très joyeuse. Nous avons tissé une complicité esthétique, un langage commun. Nous voulons faire entendre la langue de Schiller, brillante comme du cristal, dans un dispositif scénique épuré inspiré de l’atmosphère très shakespearienne de ce XVIème siècle qui mêle le sublime, l’humour et l’horreur. Dans les deux rôles principaux, Margaux Le Mignan et Clémence Longy, qui ont une capacité à passer du statut de proie à celui de prédatrice vraiment remarquable. Je ne me suis pas tellement attachée à l’âge des personnages, les comédiens sont plus jeunes que dans le récit. J’avais également à cœur de transcender les rôles de genre. Nous voulons créer un univers de l’ordre du rêve, en souhaitant donner au spectateur l’impression d’avoir lui-même rêvé cette histoire qui cristallise notre passé, notre présent, nos désirs et nos peurs. »
Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
à 20h30. Durée : 1h40.Tél : 01 39 20 16 00.
Et aussi : du 12 au 15 décembre 2023 à la Manufacture, CDN de Nancy
L’artiste aux mille facettes Kery James [...]
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