Jean Bellorini reprend Le Jeu des ombres de Valère Novarina avec la musique de Claudio Monteverdi
Le divin chant d’Orphée réinventé, L’Orfeo [...]
Un concentré de délicatesse, de tendresse, d’émotion et d’humour raffiné : le spectacle écrit par Céline Milliat Baumgartner est un véritable bijou ! Serti par la scénographie de Valérie Lesort, il brille de mille feux.
Qui y a-t-il de commun entre la bourgeoisie provinciale qui corseta Marie-Thérèse et le star-système hollywoodien qui tourmenta Marilyn ? La même volonté imposée au corps féminin pour le rendre conforme aux fantasmes des hommes. Décider d’avoir des enfants ou de les faire passer, servir la carrière de son mari ou la fortune de ses producteurs, être une chose décorative, utile, bonne ménagère ou bonne gagneuse : au fond, c’est tout comme. A Colmar comme à Los Angeles, on peine à devenir libre lorsqu’on est née femme et qu’on est objet du désir de l’autre. Entre Marie-Thérèse, la grand-mère de Céline Milliat Baumgartner, qui en dresse avec ce spectacle un émouvant portrait, et Marilyn Monroe, bien d’autres ressemblances : nées la même année, retrouvées mortes, le visage dans l’oreiller, d’avoir trop aimé et d’être malaimées. Entre les deux, se tient Céline, comédienne elle aussi, dont l’inconscient est structuré comme un théâtre, où elle puise les références, les personnages et les accessoires de son histoire à tiroirs.
Diamant sur cabaret
Valérie Lesort a inventé pour la pièce une de ces scénographies dont elle a le secret, magique et surprenante, poétique et amusante, onirique et enfantine. Une grande armoire normande se transforme en malle enchantée, d’où surgissent les supports de jeu qui permettent de lier les différentes étapes de cette enquête bouleversante sur l’identité féminine. Céline Milliat Baumgartner joue, Manuel Peskine l’accompagne de sa voix et ses instruments de musique. Un peu de chansons (sublime interprétation d’Il n’y a pas d’amour heureux et de L’Enfant que j’étais), un soupçon de cabaret, une larme de nostalgie, des sourires exquis et des frissons délicieux : les ingrédients de ce spectacle magnifique permettent de réaliser un cake d’amour dont peu d’artistes maîtrisent aussi bien la recette. Il y a tout ce qu’on aime dans cette heure délicate et sincère : de l’élégance, de l’humour, de la liberté, de l’audace, de l’intelligence, de la distance et de la passion. Les deux interprètes sont renversants de talent et la mise en scène de Valérie Lesort magnifie leur aisance et leur virtuosité. Sans doute l’un des plus jolis spectacles de ce début d’année, à courir applaudir et aimer, puisque c’est finalement tout ce qu’espéraient Marie-Thérèse et Marylin.
Catherine Robert
Du mardi au samedi à 19h ou 21h (du 8 au 12 février : 21h ; du 15 au 19 février : 21h ; du 22 au 26 février : 19h ; du 1er au 5 mars : 19h ; 12 mars : 21h ; du 15 au 19 mars : 19h ; du 22 au 26 mars : 21h ; du 29 au 31 mars : 19h ; 1er et 2 avril : 19h ; du 5 au 9 avril : 21h). Tél. : 01 42 08 00 32. Le Bateau Feu, scène nationale de Dunkerque du 16 au 18 mars. Durée : 1h.
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