Chaillot Expérience #4, « Party »
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Uirapuru de Marcelo Evelin est une pièce méditative qui remet la nature au centre et nous immerge dans l’atmosphère de la forêt équatoriale.
« L’uirapuru est un oiseau en voie de disparition qui est en même temps une icône de la culture brésilienne. Il n’apparaît presque jamais et a un chant absolument sublime. » Bref, cette histoire d’oiseau, c’est l’Arlésienne version Tupi-Guarani, un peuple du Nordeste brésilien dont est également issu Marcelo Evelin. Uirapuru signifie « homme transformé en oiseau » ou « oiseau décoré ». C’est aussi un amour impossible qui se dérobe sans cesse dit la légende. Au-delà du conte, Uirapuru nous invite à nous interroger sur les mystères de la forêt brésilienne et des êtres qui la hantent, et à écouter le monde, puisque Uirapuru pense le chant comme un territoire, qui hélas rétrécit tous les jours sous l’effet de la destruction de cet écosystème capital pour la biodiversité mondiale. Ce chant de la forêt amazonienne sert d’écrin à Uirapuru, il constitue une sorte d’espace englobant, dans lequel vont évoluer les interprètes. Une scénographie complétée par une grande suspension en fibres végétales, ornée de fruits et de légumes, forme comme une gigantesque ombrelle, rappelant sans doute les sous-bois de cette jungle.
Un oiseau merveilleux
Chorégraphiquement, Marcelo Evelin joue sur la répétitivité et l’insistance de petits pas à l’unisson. Comme pour magnifier un rituel archaïque qui permettrait un renouveau de la terre et de la nature, on ne peut alors s’empêcher de penser aux frappes sauvages du Sacre du printemps, même si, ici, les mouvements restent modestes. Les visages, le plus souvent impassibles, vous regardent. Les corps, tous différents, représentent toutes les composantes de ce pays continent, et, bien sûr, renvoient à la préservation de chacun et à la solidarité entre tous. Car cette pièce, contemplative, belle par sa simplicité et son dénuement volontaire, n’est pas dénuée, en revanche, d’arrière-pensées politiques. La question de la fragilité et la précarité des habitants de la forêt est posée tout comme celle du colonialisme. Cet oiseau, qui existe encore mais qui est en voie d’extinction, est considéré comme un porte-bonheur, symbole d’un Brésil qui chante encore malgré sa dévastation.
Agnès Izrine
jeudi 5 à 20h30, vendredi 6 à 19h30 et 21h, samedi 20 à 17h, dimanche 8 à 15h. Tél. : 01 53 65 30 00. Durée : 1h.
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