Julien Kosellek crée « Lichen » de Magali Mougel, une chronique familiale face à l’effondrement
Julien Kosellek crée Lichen, texte de Magali [...]
La metteure en scène suisse Maya Bösch confie à Fred Jacot-Guillarmod la prose autobiographique de l’auteur bosniaque Velibor Čolić. Poétique et pleine d’autodérision, tragique aussi, Manuel d’exil offre au comédien une riche partition pour dire la folie de l’Europe d’aujourd’hui.
Le treizième livre et dixième roman du Bosniaque Velibor Čolić, Manuel d’exil : Comment réussir son exil en 35 leçons, n’est pas de ceux qui se laissent adapter ni porter au plateau facilement. Son caractère autobiographique rend délicate toute incarnation. D’autant plus que le vécu raconté est des plus douloureux, des plus éloignés de la réalité plutôt paisible du théâtre de Suisse où est ancrée Maya Bösch et de France où elle vient jouer son spectacle. Avant d’arriver à Rennes en 1992 dans un foyer de réfugiés, Velibor Čolić est en effet enrôlé de force en Bosnie à l’âge de 28 ans. Il connaît donc les horreurs de la guerre avant de connaître la misère de l’exil. Écrit en français dans une langue où la poésie fraie de très près avec le prosaïque, où l’humour se mêle étroitement à la tristesse, Manuel d’exil touche la metteure en scène suisse par la manière dont l’auteur « se cogne au système, se heurte contre des lois et contraintes, se déchaîne comme le Mômo d’Artaud pour au final, engager sa lutte et sa survie tout en évoquant l’absurdité, le paradoxe et la folie qui hantent l’Europe contemporaine et qui créent des nouveaux fantômes ».
Monologue d’un exilé
C’est à Fred Jacot-Guillarmod que Maya Bösch confie la responsabilité de porter les mots de celui qui affirme : « Il me faut apprendre le plus rapidement possible le français. Ainsi ma douleur restera à jamais dans ma langue maternelle ». Ce comédien, qui se définit comme « expérimental et politique, ancré dans une pratique exigeante des textes et de la parole », est placé comme souvent chez la metteure en scène avec qui il a souvent travaillé dans une scénographie d’avant-garde. Entouré de cadres de lumière qui composent une structure dangereuse, vertigineuse, l’artiste ancre au plateau le déséquilibre de Velibor Čolić qui se traduit d’abord par le langage. Car comme il l’écrit, il n’a lorsqu’il arrive en France « pour tout bagage que trois mots de français – Jean, Paul et Sartre ». En s’emparant de Manuel d’exil, Maya Bösch et Fred Jacot-Guillarmod nous disent ainsi le puissant refuge que peut être la littérature. Ils nous parlent aussi de toutes les tragédies migratoires passées et présentes.
Anaïs Heluin
lundi, mardi, jeudi et vendredi à 20h, samedi à 18h et dimanche à 16h. Tel : 01 41 32 26 26. Durée : 1h15.
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