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L’opéra français fait une percée remarquée cette saison. Aux côtés d’une nouvelle production du Manon de Massenet à Bastille, l’Opéra royal de Versailles et l’Opéra de Marseille ressuscitent trois partitions méconnues signées Grétry, Leclair et Gounod.
En 2019/2020, plusieurs scènes lyriques de premier plan semblent vouloir faire démentir l’adage « Nul n’est prophète en son pays ». Loin des rebattus Carmen ou Faust, place à la curiosité et à la redécouverte de notre patrimoine musical national ! C’est le pari de l’Opéra royal de Versailles qui pour son 250e anniversaire (il fut inauguré en 1770 pour le mariage du dauphin, le futur Louis XVI, avec Marie-Antoinette), a choisi notamment de programmer deux œuvres célèbres en leur temps. La première est, en octobre, Richard Cœur-de-Lion de Grétry. Ce compositeur apprécié de Marie-Antoinette et surnommé parfois le « Mozart français » a créé cette partition de facture classique mais aux accents déjà romantiques en 1784. Si, dans le livret de Michel Sedaine, le roi d’Angleterre se retrouve prisonnier en Autriche après son retour de croisade, ce contexte sombre n’exclut pas une trame haute en couleurs, avec une histoire d’amour, des batailles et la libération du roi. Hervé Niquet, qui dirigera la partition, la qualifie même de « comédie musicale à la française » où « tout y est : orchestre coloré, rôles typés, chœurs énergiques, efficacité dramatique, légèreté sur une structure bien bâtie. »
La bonne santé du chant français
En avril, ce sera au tour de Scylla et Glaucus, la première et unique tragédie lyrique de Jean-Marie Leclair, de résonner dans les ors de l’Opéra royal de Versailles. À vrai dire, l’œuvre n’est pas tout à fait inconnue des amateurs de musique baroque : John Eliot Gardiner l’avait déjà ressuscitée en 1979, suivi de Christophe Rousset ou plus récemment de Sébastien d’Hérin. Cette nouvelle production est ici dirigée par Nicholas McGegan avec notamment Véronique Gens (Circé), Chantal Santon Jeffery (Scylla). Une distribution prestigieuse qui témoigne de la bonne santé du chant français. Même constat pour La Reine de Saba de Gounod à l’Opéra de Marseille, avec un plateau vocal chargé de promesses en la présence de Karine Deshayes, Marie-Ange Todorovitch, Jean-Pierre Furlan ou Nicolas Courjal. Sans doute la condition sine qua non pour apprécier, surtout en version de concert, cette partition rarement jouée qui a peut-être souffert de trop nombreux remaniements depuis son échec lors de sa création en 1862 à l’Opéra de Paris. Napoléon III prit-il ombrage de l’histoire où une reine préfère l’architecte du Temple de Salomon (Hiram) au roi lui-même ? Ou considéra-t-il l’opéra comme une apologie de la franc-maçonnerie, la légende d’Hiram y figurant de mythe fondateur ? Toujours est-il qu’on retrouvera également une affiche alléchante dans le Manon de Massenet donné à partir de février à Bastille : outre l’époustouflante Pretty Yende dans le rôle-titre, ce sont encore des Français qui seront à l’honneur avec Ludovic Tézier (Lescault) et le ténor qui monte, Benjamin Bernheim (Des Grieux).
Isabelle Stibbe
Tél. : 01 30 83 78 89.
La Reine de Saba de Charles Gounod : Opéra de Marseille, 2 rue Molière, 13001 Marseille. Du 22 au 30 octobre 2019. Tél. : 04 91 55 11.
Scylla et Glaucus de Jean-Marie Leclair : Opéra royal de Versailles, Place d’Armes, 78 000 Versailles. Samedi 25 et dimanche 26 avril 2020. Tél. : 01 30 83 78 89.
Manon de Jules Massenet : Opéra Bastille, Place de la Bastille, 75012 Paris. Du 26 février au 10 avril 2020. Tél. : 08 92 89 90 90.
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