La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Mani Soleymanlou crée Trois, précédé de Un et Deux.

Mani Soleymanlou crée Trois, précédé de Un et Deux. - Critique sortie Théâtre saint denis Théâtre Gérard Philipe

Théâtre Gérard Philipe, Chaillot, Théâtre National de la Danse, Tarmac

Publié le 17 mars 2017 - N° 252

Après avoir présenté à Chaillot Un en 2013, Mani Soleymanlou, Québécois d’origine iranienne, clôt la trilogie avec Deux et Trois en interrogeant avec lucidité et humanité la quête identitaire. Une fresque à ne pas manquer !  

Quelle sorte de quête explorent Un, Deux et Trois ?

Mani Soleymanlou : Les trois pièces explorent, chacune à sa façon, la question de l’identité. Comment réussissons-nous à nommer et définir qui nous sommes ? Est-ce même possible d’y répondre ? La quête identitaire est donc analysée sous différents angles. Dans UN, il s’agit d’une quête identitaire assez classique, et personnelle. Qu’est-ce qui reste de mes origines iraniennes ? De mon enfance à Paris ? Mon adolescence à Toronto ? Et qu’est-ce qui fait de moi, aujourd’hui, un Québécois ? Ensuite, dans DEUX, cette quête personnelle est remise en cause, analysée, scrutée, déconstruite. Elle est confrontée à celle d’Emmanuel Schwartz, montréalais d’origine, avec qui je partage la scène. DEUX met en opposition deux rapports à l’identité : la vision de celui qui est « de souche » et la vision de l’immigrant. La troisième partie, recréée pour Chaillot, fait exploser la quête identitaire. Avec environ 40 personnes sur scène – des franciliens d’origines diverses que j’ai rencontrés, dont les témoignages m’ont souvent bouleversé -, nous tentons de répondre collectivement à la question d’une identité nationale à partir des histoires personnelles.

« On n’est jamais, on ne fait que devenir. »

En passant de Un à Trois, avez-vous changé votre perception de la question de l’identité ? Comment a évolué cette quête ?

M. S. : Depuis l’écriture de UN en 2010, la quête s’est considérablement complexifiée. Pour moi être iranien ne veut rien dire, et je me sens très bien dans ce vide identitaire qui m’habite, qui est un moteur pour moi. Mon pays est ce monologue ! Cette quête personnelle s’est heurtée à celle de l’autre et a trouvé une multitude d’échos. De personnelle, elle est devenue universelle, globale, et j’ai voulu comprendre cette universalité. Le monde s’est complexifié terriblement depuis 2010. L’instrumentalisation politique de la question identitaire a transformé cette quête humaine en un terrain miné, mais nous l’arpentons avec dérision et humour. Le constat est de plus en plus clair : on n’est jamais, on ne fait que devenir. Et on a besoin de s’allier autour d’une certaine façon de voir le monde, que le théâtre rend possible.

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

UN, DEUX, TROIS
du jeudi 23 mars 2017 au samedi 22 avril 2017
Théâtre Gérard Philipe


Au Théâtre Gérard Philippe du 23 au 31 mars, rens 0148137000. Puis à Chaillot du 18 au 22 avril, rens 0148137000. Et au Tarmac du 25 au 29 avril, rens 0143648080.

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