The Normal Heart de Larry Kramer, mise en scène de Virginie de Clausade
The Normal Heart retrace les premiers combats [...]
Inspirée par la vie de Camille Claudel, Maude Sambuis, autrice et actrice de ce seul en scène, livre un portrait très vivant de la sculptrice. En touchant aux racines du mal de cette destinée tragique, elle éclaire cette difficulté d’être femme.
A l’orée du spectacle, l’angle choisi pour attraper la vie de Camille Claudel s’affiche, projeté sur le mur du fond : « Il y a deux moyens de supprimer quelqu’un : l’assassinat et l’internement légal ». En s’attachant aux périodes charnières de la vie de l’artiste, Maude Sambuis expose avec beaucoup d’élégance les motifs qui ont conduit cet être d’exception de l’atelier à l’asile. Si nous la suivons, et son interprétation biographique comme son jeu, nous y invitent puissamment, la folie de la sculptrice tient à un désordre mental provoqué. Et si Camille Claudel n’avait pas eu à se battre contre le sort commun réservé aux femmes dans une société machiste dominée par le patriarcat ? Et si elle n’avait pas tenté de s’affranchir des règles bourgeoises en affirmant l’égale dignité de l’homme et de la femme en amour comme dans l’exercice de son art ? Rien de pathologique si ce n’est le refus de la normalité et, pour les autres, la peur du scandale, ne saurait expliquer ce destin tragique. On aime ce parti pris éclairant d’autres destinées féminines aliénées, moins spectaculaires, néanmoins prises dans les mêmes affres.
Une évocation sensible
Toute la force de ce seule en scène très attachant tient à son pouvoir de suggestion. Le jeu de Maude Sambuis, d’abord, sans affectation, en quête de sincérité absolue, pour être au plus près de celle qu’elle a choisi d’incarner, est très émouvant. Ses changements vestimentaires qui accompagnent l’évolution – de l’enthousiasme des débuts aux béances fatales de la femme mûre – sont pensés pour la mettre à nu. Cette absence d’artifices caractérise également le décor. Meublé d’un escabeau, d’un tabouret surélevé, d’une colonne et de quelques autres de ces éléments susceptibles de caractériser un atelier d’artiste, le plateau s’anime en arrière-plan de photographies choisies. Les voix off laissent la parole tantôt au narrateur tantôt à Rodin avec beaucoup d’à- propos. Soutenue par la pertinence de la mise en scène signée par Marcel Hettack, Maude Sambuis tient son pari : « faire aimer Camille Claudel, telle qu’elle fut, sans l’idéaliser, avec ses fêlures et laissant paraître sa lumière. Que Camille Claudel paraisse authentique, vivante en tête-à-tête avec le public ».
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Les jeudis, vendredis et samedis à 19h30. Tél : 01 42 78 46 42. Durée : 1h10.
The Normal Heart retrace les premiers combats [...]