La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Madame de Sade

Madame de Sade - Critique sortie Théâtre
Légende photo : Une société de femmes tournant autour de l’ombre du marquis de Sade. Magistral spectacle !

Publié le 10 octobre 2008

Jacques Vincey met en scène Madame de Sade de Yukio Mishima. Une joute verbale de haute volée dans laquelle Hélène Alexandridis et Myrto Procopiou font preuve d’une éclatante liberté.

Tout paraît d’abord un peu tendu, un peu lointain. Comme si les premières scènes de cette Madame de Sade reposaient sur une fine horlogerie révélant la précision de ses mouvements sans laisser entrevoir la portée, la fonction plus profonde de cette belle mécanique. Ainsi, des femmes discourent, dans une idée de XVIIIème siècle. Des femmes faisant partie de l’entourage du marquis de Sade. Elles s’apostrophent, vont et viennent, déplaçant avec elles d’encombrantes crinolines : la comtesse de Saint-Fond (Anne Sée), la baronne de Simiane (Isabelle Mazin), Madame de Montreuil (Marilu Marini). Puis, Madame de Sade (Hélène Alexandridis) entre en scène, suivie de près par sa sœur cadette (Myrto Procopiou). Et c’est avec l’apparition de ces deux comédiennes magistrales que le spectacle conçu par Jacques Vincey parvient à se libérer, à respirer, qu’il se met à investir l’ampleur des troubles intérieurs, des inclinations morales, des questionnements de vie composant les enjeux dramaturgiques de la pièce de Yukio Mishima.
 
Une œuvre imposante sur la liberté et l’abandon
 
Faisant souffler sur cette Madame de Sade une aisance, une audace, une puissance créative de chaque instant, Hélène Alexandridis et Myrto Procopiou démontrent que le théâtre n’est jamais aussi beau que lorsqu’un interprète, réussissant à dépasser toute appréhension du vide, atteint un tel point de liberté et d’intensité que le temps de la représentation semble alors se suspendre. C’est un de ces saisissements temporels et artistiques que les deux comédiennes accomplissent ici, emportant avec elles l’ensemble de la distribution dans des mises en perspective passionnantes sur les notions de liberté et d’abandon, d’affranchissement et de conditionnement. Situant sa pièce entre 1772 et 1790, dans la France révolutionnaire, Yukio Mishima propose en effet une matière à réflexion très aiguë sur le sens à donner aux concepts de choix et d’insurrection individuels. Car, face à l’ombre envahissante d’un marquis de Sade absent pour cause d’emprisonnement, chacune de ces figures féminines est renvoyée aux conflits obscurs, aux pensées brûlantes qui déterminent son rapport à l’amour, à l’honneur, aux normes sociales, à l’idée de révolte intime.
 
Manuel Piolat Soleymat


Madame de Sade, de Yukio Mishima, mise en scène de Jacques Vincey. Du 8 au 24 octobre 2008. Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h00. Relâche exceptionnelle le dimanche 12 octobre. Théâtre de la Ville, Salle des Abbesses, 31, rue des Abbesses, 75018 Paris. Réservations au 01 42 74 22 77. Spectacle vu en mai 2008 au Théâtre Vidy-Lausanne. En tournée le 8 novembre 2008 au Théâtre la Coupole à Saint-Louis, les 13 et 14 novembre au Théâtre du Beauvaisis à Beauvais, le 17 novembre à l’Espace Jacques-Prévert d’Aulnay-sous-Bois, le 20 novembre au Gallia Théâtre à Saintes, le 25 novembre à l’ABC-Scène nationale de Bar-le-Duc, du 27 au 29 novembre à la Comédie de Reims, les 3 et 4 décembre à La Coursive de La Rochelle, le 9 décembre à la Scène nationale de Dieppe, le 12 décembre à l’Hexagone-Scène nationale de Meylan, le 16 décembre au Théâtre des 4 Saisons à Gradignan.

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