La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien Louis Langrée

L’oncle d’Amérique

L’oncle d’Amérique - Critique sortie Classique / Opéra Paris Opéra Comique

So French

Publié le 24 janvier 2014 - N° 217

Nouvellement nommé à la tête du Cincinnati Symphony Orchestra aux Etats-Unis (où son concert inaugural a été salué comme un événement), Louis Langrée est l’hôte de l’Opéra Comique à la tête de l’Orchestre des Champs-Élysées pour la reprise de Pelléas et Mélisande mis en scène par Stéphane Braunschweig, et un concert symphonique de musique française. 

« Pelléas  est la partition que j’emporterais sur une île  déserte.

Quelle place tient la musique française dans votre répertoire?

Louis Langrée : La musique française fait partie de mon « patrimoine génétique » culturel et affectif, elle est ma langue maternelle. Pour autant, je n’ai pas de compositeur de prédilection, et je suis plus attaché aux œuvres qu’aux compositeurs. J’ai la chance d’être invité régulièrement par de grands orchestres et maisons d’opéra, comme le Metropolitan Opera de New York où j’ai dirigé plusieurs chefs-d’œuvre du répertoire français : Iphigénie en Tauride, Hamlet, Carmen,  Dialogues des carmélites… C’est sans doute à l’étranger que je me sens le plus français.

Quelles difficultés particulières la musique française représente-t-elle selon vous pour un orchestre et un chef ?

Louis Langrée : Il m’est difficile de répondre à cette question. La musique symphonique de Ravel n’est pas l’héritière de celle de Berlioz, et le théâtre de Debussy n’emprunte rien à celui de Gounod. Pourtant, la clarté des timbres, la concision du discours, l’équilibre de la structure (même dans la démesure de Berlioz) sont des qualités constantes des joyaux de la musique française. La façon dont j’aborde le travail en répétition dépend de la culture sonore d’un orchestre, de son histoire, de l’acoustique de la salle, etc. Heureusement, les ensembles français n’ont pas le monopole de « leur »  musique et de son style. Je crois, par exemple, que la Symphonie fantastique que j’ai le mieux réussie était avec le London Philharmonic Orchestra, et récemment, j’ai eu un immense plaisir à diriger la musique de Ravel avec l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig. La transparence orchestrale, l’intensité sonore et la variété des couleurs étaient idéales…

Vous sentez-vous une responsabilité particulière vis-à-vis de la « défense » de la musique française ?

Louis Langrée : Je ne veux pas être le porte-drapeau d’une école nationale spécifique. Il est important que les orchestres jouent tous les répertoires pour cultiver et développer leur palette sonore et leur diversité stylistique. La musique française a toujours occupé une place importante dans la programmation du Cincinnati Symphony Orchestra. J’y ai notamment dirigé des œuvres de Messiaen, Ravel, Magnard, Franck et je suis impatient de créer le Concerto pour orchestre que nous avons commandé à Thierry Escaich.

Vous serez à l’affiche de l’Opéra Comique en février pour diriger Pelléas  mais aussi un concert symphonique…

Louis Langrée : La découverte de Pelléas et Mélisande a été fondamentale pour moi. Je suis “né“  à l’opéra grâce à ce chef-d’oeuvre, comme jeune spectateur puis comme jeune chef. Il me fascine et m’envoûte toujours. Son langage est complexe et évident à la fois, profond, essentiel. Pelléas est la partition que j’emporterais sur une île  déserte. Le lien entre l’opéra de Debussy et le programme du concert est le symbolisme, mouvement artistique qui m’est particulièrement cher. Le Prélude à l’après-midi d’un faune en est le chef-d’œuvre emblématique. La Symphonie de Chausson illustre quant à elle la fascination des compositeurs français de l’époque pour la musique de Wagner. Le Pelléas de Debussy est inspiré du Tristan de Wagner, notamment dans les interludes, ou le recours aux leitmotivs. Le parallèle entre la transcription musicale de Fauré et celle de Debussy est passionnant.

 

Propos recueillis par Jean Lukas.

A propos de l'événement

Pelléas
du lundi 17 février 2014 au mercredi 26 février 2014
Opéra Comique
1 place Boieldieu, 75002 Paris

Pelléas : les 17 , 19, 21 et 25 février à 20h et le 23 à 15h. Tél. 0 825 01 01 23 (0,15 € la minute). Places : 6 à 120 €. Avec les voix de Phillip Addis, Karen Vourc'h, Laurent Alvaro, Jérôme Varnier, Sylvie Brunet, Dima Bawab, Luc Bertin-Hugault, le chœur Accentus et l’Orchestre des Champs-Élysées. Concert : mercredi 26 février à 20 h. Tél. 0 825 01 01 23 (0,15 € la minute). Places : 6 à 45 €. Programme : Debussy : Prélude à l’après-midi d'un faune / Fauré : Pelléas et Mélisande op. 80 / Chausson : Symphonie en si bémol majeur op. 20.
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