Le Ballet de l’Opéra Grand Avignon présente « Storm » et « L’Oiseau de feu »
Le Ballet de l’Opéra Grand Avignon qui [...]
La chorégraphe franco-suisse Maud Blandel ausculte les phénomènes de perte et célèbre la puissance imaginative dans L’œil nu.
Vous faites dans cette création l’analogie entre un souvenir traumatique et un phénomène astrophysique ?
Maud Blandel : C’est la découverte des pulsars qui a attiré mon attention, ces résidus d’étoile morte qui se forment après l’explosion du cœur de l’astre et qui tournent sur eux-mêmes à grande vitesse. Ce phénomène, difficilement représentable pour nous humains, a fait naître en moi des images troubles. Parmi celles-ci, celle de mon père mort de s’être tiré deux balles dans le cœur. En approfondissant l’étude des processus qui mènent un astre à mourir, j’ai rencontré la notion de « matière dégénérée », ce moment où une étoile s’effondre sur elle-même. Je voyais là une métaphore forte pour tenter de donner corps à des questions qui m’habitent. Quelles sont les forces contraires qui nous tiennent debout ? Qu’est-ce que perdre l’équilibre au point de ne jamais se relever ?
Comment ces deux éléments se combinent-ils sur scène ?
M.B. : Lorsque mon père s’est suicidé j’avais deux ans et demi, j’étais présente dans la maison et j’en garde un souvenir sonore confus. Le fait d’être si jeune au moment des faits et que l’on m’ait raconté maintes fois l’événement m’a fait associer à la brutalité du son des images qui ne sont pas les miennes. Cette dissociation entre son et image est en travail dans la pièce. D’un côté la musique joue le rôle de ma mémoire incertaine en déréalisant tout au long de la pièce un dessin animé du type Looney Tunes. De l’autre, une constellation de six danseurs joue à un jeu de balles qui subira lui aussi une longue métamorphose. Ce qui n’était a priori pas connecté entre le son et la danse trouvera des connexions, d’abord rythmiques, puis des correspondances imagées fortes.
Il est également question dans L’œil nu de mémoire ?
M.B. : L’œil nu travaille à la reconstitution d’un souvenir mais pas de façon réaliste. Du point de vue compositionnel c’est le fonctionnement de la mémoire traumatique qui est en jeu : comment rendre compte scéniquement du caractère obsessionnel d’un souvenir, de ses persistances autant que des trous de mémoire ? La mémoire est une matière vivante qui ne cesse de réécrire les faits. C’est sa puissance imaginative que nous célébrons ici : il s’agit de libérer les images pour tenter de déjouer le tragique.
Propos recueillis par Delphine Baffour
à 22h, relâche le 14 juillet. Tél. 04 90 14 14 14. Durée : 1h. Sélection Suisse en Avignon.
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