La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Little Joe : New York 68 / Hollywood 72

Little Joe : New York 68 / Hollywood 72 - Critique sortie Théâtre Paris Le Centquatre
Little Joe - Hollywood 72, mis en scène par Pierre Maillet, d’après Heat de Paul Morrissey. Crédit visuel : Jean-Louis Fernandez

Critique Le CENTQUATRE / d’après le film de Paul Morrissey / mes Pierre Maillet

Publié le 26 février 2015 - N° 230

Le metteur en scène et comédien Pierre Maillet présente, au CENTQUATRE, les deux volets de son spectacle adapté de la trilogie Flesh, Trash, Heat de Paul Morrissey. De New York 68 à Hollywood 72 : une plongée enthousiasmante dans les errances d’une humanité cabossée. 

En novembre 2013, Pierre Maillet présentait son remarquable Little Joe – New York 68 au Maillon, à Strasbourg, spectacle adapté des deux premiers volets de la trilogie Flesh, Trash, Heat de Paul Morrissey*. C’est à la Comédie de Saint-Etienne, le 24 février dernier, que le metteur en scène et comédien a créé Little Joe – Hollywood 72, la seconde partie de son diptyque hommage au cinéaste américain. Passant du New York underground de la drogue et de la prostitution au Los Angeles des stars déchues et des aspirants à la célébrité, le cofondateur du Théâtre des Lucioles réitère, dans ce nouvel opus, le défi qu’il avait brillamment relevé dans son première travail : se réapproprier, par le théâtre, l’univers brut et singulier des films expérimentaux réalisés par le complice d’Andy Warhol. Même scénographie gigogne que New York 68 (de Marc Lainé), même présence loufoque de figures incertaines et bariolées (les costumes sont de Zouzou Leyens, les coiffures et maquillages de Cécile Kretschmar), même réalisme stylisé, Hollywood 72 nous transporte dans un monde de rêves et de désillusions.

Entre burlesque et désespérance 

Un monde peuplé d’existences dérisoires et même, par certains aspects, assez pathétiques. Mais Pierre Maillet parvient – petit miracle de sa double proposition – à nous attacher à ces tranches de vie dans lesquelles il ne se passe pourtant pas grand-chose. Désœuvrement, coucheries, plans carriéristes… Le metteur en scène suscite de bout en bout notre intérêt, nous fait rire, nous touche même, en laissant percer derrière ces histoires de rien les blessures d’une humanité fragile, déjà perdue. Si ce n’était cette ombre qui plane, tout serait ici entièrement joyeux. On plonge dans des piscines, on rit, on chante, on se pavane en maillots de bain pour se dénuder à la première occasion. On incarne des personnages qui semblent inventer, dans l’instant même de la représentation, ce qu’ils sont en train de vivre. Clément Sibony (dans le rôle emblématique de Joe), Véronique Alain, Emilie Beauvais, Geoffrey Carey, Matthieu Cruciani, Denis Lejeune et Pierre Maillet sont les étonnants interprètes de ce tableau hollywoodien. Un tableau libre, imaginatif, entre burlesque et désespérance.

 

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Little Joe : New York 68 / Hollywood 72
du mercredi 11 mars 2015 au mercredi 15 avril 2015
Le Centquatre
5 Rue Curial, 75019 Paris, France

Du 21 au 29 mars 2015. Hollywood 72 : les 21 et 28 mars à 21h30, les 26 et 27 mars à 20h30, les 22 et 29 mars à 17h30. New York 1968 : les 21 et 28 mars à 19h, les 22 et 29 mars à 15h, les 24 et 25 mars à 20h30. Durée de la représentation : 1h45. Spectacle vu à la Comédie de Saint-Etienne lors de sa création, le 24 février 2015. Tél. : 01 53 35 50 00. www.104.fr

Egalement le 11 mars 2015 au Théâtre de Nîmes, les 14 et 15 avril au Maillon – Théâtre de Strasbourg.

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