« Happy Apocalypse » par Clotilde Morgiève et Jean-Christophe Dollé : une saga familiale futuriste qui déjoue l’angoisse par un geste artistique de toute beauté
Dans un univers sonore et visuel saisissant, [...]
Dans un huis clos capitonné, Caroline Gillet et Kubra Khademi diffusent des vidéos et témoignages anonymes de Kaboul, immergeant le spectateur dans les peurs et les espoirs des femmes sous le joug des talibans.
Invités à se déchausser à l’entrée, les spectateurs prennent place dans une pièce rectangulaire, dont deux parois sont creusées chacune de deux fenêtres, ouvertures sur le monde dans lesquelles défilent des vidéos anonymes de Kaboul, montrant les témoignages de femmes afghanes sur leur condition et celle de leurs familles sous le régime taliban. Pendant une heure, plans extérieurs de la ville et lueurs nocturnes de bombardements se succèdent. Tourné dans des conditions précaires en raison de sa clandestinité, le documentaire met des images sur le dénuement économique et social des populations, tandis que le récit met en avant les peurs et l’espoir, tenant lieu de résistance silencieuse face à la barbarie intégriste et l’angoissant climat de guerre qu’elle installe. En plus de vingt ans, les plus jeunes n’ont connu aucune alternative à ces privations de liberté qui se resserrent, ainsi que le rappelle la chronologie lapidaire en fin de reportage, à l’exemple de la claustration totale des femmes.
Une installation domestique et filmique
Avec un tapis de faïences reconstituant, au milieu du public, une tablée traditionnelle afghane figée comme dans un musée, l’installation de Caroline Gillet et Kubra Khademi veut suggérer la stérilisation de la commensalité traditionnelle, comme métaphore de celle de la société entière par le rigorisme islamiste. L’isolement dans la salle capitonnée réfère à celui d’un pays coupé du monde. L’étroitesse de l’espace fait d’abord penser à son inconfort avant la rudesse des conditions de vie en Afghanistan aujourd’hui. Enregistré sur des appareils de fortune, vraisemblablement des smartphones, le film est donné avec des commentaires en anglais doublés en français, cause d’une redondance à laquelle un surtitrage aurait pu pallier. La prétention du projet de donner à réfléchir sur la fragilité géopolitique des droits de l’homme auxquels nous sommes attachés accouche finalement d’une proposition plastique qui se veut engagée, mais s’avère plus proche de l’écran de télévision que du spectacle vivant.
Gilles Charlassier
6 fois par jour, à 9h30, 10h45, 13h15, 16 heures, 17h15 et 18h30. Tél. : 04 90 14 14 14. Durée : 1 heure.
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