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Avignon / 2019 - Entretien / Macha Makeïeff
A partir des écrits et de la vie même de Lewis Carroll, Macha Makeïeff imagine un rêve extravagant, un théâtre de sensations libres.
Que voulez-vous appréhender par le théâtre de l’univers de Lewis Carroll ?
Macha Makeïeff : Ce qui me tient à cœur et m’intéresse, c’est le jeu de miroirs entre Lewis et Alice, entre l’auteur et le personnage, entre l’homme et la petite fille. Cette équivalence, c’est toute l’esthétique de Lewis Carroll, brillant, énigmatique et excentrique, qui par l’imaginaire s’échappe d’une société victorienne corsetée. Plus la société contrôle et enferre, plus le surnaturel et le rêve deviennent l’unique échappatoire. Certains êtres ne sont pas tout à fait au monde, et c’est de cette fragilité que naît leur force poétique. Bègue, à moitié sourd, né dans un presbytère d’un père prêtre anglican qui constitue une figure sans doute écrasante – lui-même sera diacre mais jamais ordonné prêtre – et troisième d’une fratrie de onze enfants, Lewis Carroll vécut 47 ans à Oxford, conjuguant deux activités principales, celle de logicien mathématicien, et celle d’auteur. Ses fictions recèlent tous les ingrédients du conte, et abordent l’univers de l’enfance, qui apparaît comme une immense expérience de l’imposture, de l’inquiétude, de la métamorphose.
Comment cela se traduit-il par la langue ? Et par le spectacle ?
M.M. : La langue aussi procède de la métamorphose ! Le travail magnifique que Lewis Carroll effectue sur la langue repose sur le nonsense et la fantaisie. Lui-même disait qu’il ne faisait pas de différence entre le sens et le son, et grâce aux acteurs dont certains sont bilingues, nous faisons également entendre les sonorités anglaises. L’excentricité anglaise, c’est un espace de liberté merveilleux. Le spectacle opère une bascule psychique, où il n’est question que de rêve. Rêve-t-on qu’on est mort ? Qu’on est vivant ? Quelqu’un dit à Alice qu’elle n’est pas vraie, qu’elle fait partie du rêve du roi. Si on réveille le roi, alors elle sera soufflée comme une chandelle. Sans cesse s’exprime la fragilité de l’existence. Face à un monde figé, l’expérience de Lewis Carroll et d’Alice affirme que tout est absolument incertain. Nous marchons sur un territoire d’incertitude : c’est ça l’existence ! A travers l’absurde, se joue un théâtre de sensations, d’impressions.
Propos recueillis par Agnès Santi
à 18h. Relâche le 18. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 2h. A voir Trouble Fête, exposition à la Maison Jean Vilar. A lire Zone céleste (Actes Sud).
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