Deux rien de Clément Belhache et Caroline Maydat
Comédiens et danseurs, Clément Belhache et [...]
Avignon / 2019 - Entretien / Daniel Jeanneteau
Le metteur en scène Daniel Jeanneteau réunit comédiens professionnels et amateurs dans une version contemporaine des Phéniciennes d’Euripide. Un texte du dramaturge anglais Martin Crimp, centré sur « le personnage multiple, insolent et anonyme du Chœur ».
Sous quel jour la réécriture des Phéniciennes réalisée par Martin Crimp éclaire-t-elle la pièce d’Euripide ?
Daniel Jeanneteau : Le reste vous le connaissez par le cinéma nous ramène à notre rapport à l’antiquité et aux mythes. Car bien qu’étant profondément contemporaine, cette pièce s’enracine très profondément dans la pièce d’Euripide : j’ai envie de dire point par point, détail par détail. Elle établit un rapport précis et fidèle à ce qui nous reste de cette époque, tout en déployant des interférences issues de l’imaginaire de Martin Crimp. On rencontre, par exemple, des références à Œdipe roi de Pasolini, ou encore à Jason et les Argonautes de Don Chaffey, ce péplum américain un peu ridicule qui a marqué l’histoire du genre. On navigue donc entre une grande exactitude littéraire, historique, et une dimension purement émotionnelle, sensible, subjective…
Cela, en modifiant la place du chœur…
D.J. : Exactement. Dans la pièce d’Euripide, le chœur se trouve, comme c’est souvent le cas dans les tragédies grecques, en périphérie. Martin Crimp, lui, place ce chœur de jeunes filles étrangères, qui viennent de Phénicie, au centre de la représentation. D’une certaine façon, ce sont elles qui se mettent à organiser toute l’action de la pièce : elles en font la mise en scène. Par ailleurs, Crimp dit d’elles qu’elles sont le Sphinx. Il fusionne des éléments disparates en une figure qui devient plus complexe et plus impressionnante. C’est ça qui donne sa modernité à la pièce. Car le chœur est interprété par des jeunes filles d’aujourd’hui, qui utilisent un langage absolument contemporain. Ce sont des lycéennes qui font face au discours savant de leur établissement scolaire à travers une sorte de simulacre ironique. Ce procédé leur permet d’interroger le présent ainsi que toutes les représentations du pouvoir.
Pourquoi avez-vous choisi des jeunes comédiennes non-professionnelles pour interpréter ce chœur ?
D.J. : Lorsqu’on lit la pièce de Crimp, ce choix semble naturel. Car ces jeunes filles qui ont vraiment un parler d’aujourd’hui sont mises en rapport avec les grandes figures du mythe : Jocaste, Œdipe, Antigone, Étéocle, Polynice… Ce sont elles qui les convoquent, comme si elles les arrachaient du fond de l’obscurité. Et elles les font parler. Cette tension entre le mythe et le présent met en évidence certains aspects de notre monde contemporain. Des aspects qui interrogent les questions de pouvoir, de domination sociale, de mensonge d’état, de conflit familial… Toutes les problématiques liées à la dimension politique de la pièce d’Euripide entrent en résonnance, de façon ironique, avec notre présent.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 18h. Relâche le 18 juillet. Tél : 04 90 14 14 14.
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