Jacques Vincey met en scène Les Serpents de Marie NDiaye au TQI
Dans une mise en scène de Jacques Vincey, [...]
Pour la Saison Molière 2022 de la Comédie-Française, Stéphane Varupenne et Sébastien Pouderoux s’emparent des Précieuses ridicules. Ils en situent les protagonistes dans un présent parallèle, où le baroque côtoie le bling bling. Un mélange peu convaincant, qui marque la distance de la pièce avec notre époque au lieu de la réduire.
Dans la salle du Vieux-Colombier qu’ils ont choisi d’utiliser en configuration bifrontale, Stéphane Varupenne et Sébastien Pouderoux nous accueillent dans un joyeux bordel complètement hétéroclite, où une carte du Tendre côtoie une œuvre d’art abstrait. Des gadgets à gogo, roses pour beaucoup, donnent à ces Précieuses ridicules un air de fête d’anniversaire non pas de Molière mais de petite fille, dans une famille aisée qui aime à montrer ses biens et étaler sa sensibilité artistique. Le désordre de la pièce, où s’élèvent partout des piles de livres, s’explique lorsqu’entre en scène Jérémy Lopez en salopette de travail, suivi bientôt de Lola Frichet (en alternance avec Edith Séguier) qui en même temps qu’une moue tenace arbore la même tenue : nous sommes en plein emménagement. C’est là la première liberté que les deux pensionnaires de la Comédie-Française prennent avec la comédie de Molière, qui se déroule elle aussi dans le salon du bourgeois de province Gorgibus récemment arrivé à Paris avec sa fille Magdelon (Séphora Pondi) et sa nièce Cathos (Claire de La Rüe), mais où l’état de l’appartement n’est en rien un élément dramaturgique. Ce cadre néo-baroque qui tire vers le bling bling place les deux Précieuses et leur entourage dans un espace-temps confus où même le langage, sujet principal de la pièce, perd de sa clarté et de sa superbe.
Les Précieuses font une soirée pyjama
En plaçant leurs Précieuses dans une sorte de présent parallèle, où la référence au passé apparaît comme un signe parmi d’autres d’une certaine « classe », les deux metteurs en scène entendent tirer vers nous un mouvement social, moral et littéraire de la première moitié du XVIIème siècle sans pour autant trop toucher à celui-ci. Sapées d’une façon incongrue, aussi surchargées de breloques que les murs du plateau, les deux nouvelles parisiennes incarnées par Séphora Pondi et Claire de La Rüe sont des fashion victims qui lorgnent vers un standing dont elles sont même incapables d’imaginer les contours. Leur entre-deux, de même que celui des deux prétendants incarnés par les metteurs en scène qu’elles éconduisent en début de pièce et du valet que ces derniers font passer auprès des dames pour un marquis, ne produit ni l’effet de rapprochement ni de comique escompté. Tantôt modernisée, tantôt conservée intacte avec ses accents fleuris, ses phrases à rallonge et ses néologismes, la langue participe du flou de la proposition. Ponctué d’interventions musicales, le spectacle mêle à ses airs d’anniversaire initiaux une atmosphère de soirée pyjama perturbée par un karaoké. Une fête dont nous sommes exclus.
Anaïs Heluin
le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h. Tel : 01 44 58 15 15.
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