Jacques Vincey met en scène Les Serpents de Marie NDiaye au TQI
Dans une mise en scène de Jacques Vincey, [...]
Avec Denis Lavant, tout en nuances et fulgurances, Bénédicte Nécaille porte à la scène ce récit d’Henry Miller autour d’un clown errant aux prises avec une quête existentielle.
Trois bords de piste qui se transforment en roulotte ou loge, une valise rafistolée, une petite chaise blanche, et à jardin une échelle inspirée d’un tableau de Miro, Chien aboyant à la lune, qui vise l’infini avec des barreaux cassés. Un vieux clown habite cet espace circassien teinté d’absurde, un clown décati qui raconte les épreuves qu’il a traversées, et surtout sa difficile quête d’authenticité à la recherche de lui-même. Faire rire les gens ne le rend pas heureux. Auguste a connu le succès, les tonnerres d’applaudissements jusqu’à ce soir où un numéro de « feinte extase » au pied de l’échelle l’a expédié dans une sorte de transe et une perte de connaissance. Son contrat brutalement rompu, il entame alors une errance dans un « abîme de tristesse », puis rencontre aux abords de la ville une troupe de cirque nomade où il se met au service des autres, et trouve ainsi la paix. « Se livrer aux mille et une corvées que l’on requérait de moi, tout cela était pure joie. » dit-il. Lorsqu’Antoine, le clown de la troupe, tombe malade, il le remplace et fait un tabac, avant un nouveau rebondissement.
Apprendre le bonheur ?
Le romancier américain Henry Miller aimait beaucoup ce court récit, qui répondait à une commande de Fernand Léger sur le thème du clown, ici adapté et transposé à la première personne par Ivan Morane. Touchée par ce texte, et par la figure même du clown, qui représente pour elle « la quintessence du théâtre », Bénédicte Nécaille l’a porté à la scène avec un interprète dont la puissance d’incarnation et la virtuosité impressionnent. Clown dans l’âme, capable de prodiges avec sa voix et sa présence singulières, Denis Lavant donne corps à cette odyssée naïve, qui peut paraître bavarde, voire laisser certains indifférents. Au fil de cette interrogation sur le métier de clown et la finalité de la vie, le comédien souffle dans toutes sortes d’instruments à vents qui colorent la parole de ce clown solitaire et insatisfait. Si les confidences d’Auguste n’atteignent pas la force d’attraction poignante d’un imaginaire brut à la Zampano, la direction d’acteur et la mise en scène fluide et délicate de Bénédicte Nécaille conjuguées à la performance tout en nuances de Denis Lavant accordent à ce Sourire son humanité fragile. Initialement créé avec succès en janvier 2019 au Théâtre de Œuvre, Le Sourire au pied de l’échelle est aujourd’hui repris au Cirque Électrique, sous chapiteau, le lieu du cirque par définition précaire, nomade, ici perméable aux bruits de la ville. Paré de jolies guirlandes, le bar très convivial est une introduction idéale à cette traversée.
Agnès Santi
Du mercredi au samedi à 21h, dimanche à 18h. Relâche le 14. Tél : 09 54 54 47 24.
Dans une mise en scène de Jacques Vincey, [...]