La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Les Noces du Ferblantier

Les Noces du Ferblantier - Critique sortie Théâtre
La famille du ferblantier face à l’institution religieuse Photo : Benoîte Fanton

Publié le 10 janvier 2010

En remplaçant le petit peuple rustique des Noces du Ferblantier de Synge par la mouvance gitane et flamenca, Marjorie Nakache offre une saveur gourmande renouvelée à l’univers de terroir initial.

Les Noces du Ferblantier de Marjorie Nakache n’ont à voir que lointainement avec l’œuvre de l’auteur irlandais John Millington Synge. En échange, on admire la force de restitution de l’essentiel dramaturgique, le suivi du canevas et le respect de l’esprit de Synge. La metteuse en scène a choisi de frapper un grand coup en imposant sur le plateau un style gitan rock’n roll griffé de danse et de musique flamencas. La parole des protagonistes d’ailleurs, largement adaptée par Xavier Marcheschi, s’apparente au parler brut et argotique de la rue. Elle, c’est Sarah Casey, bohémienne amante de Michael Byrne, rétameur de son métier et affublé d’une mère alcoolique envahissante, Mary Byrne. Cette dernière est une « glouglouteuse », la jeune Sarah une « nichonneuse » aspirant à devenir une « marmailleuse ». Quant à Michael, est-il comme un rival du village voisin aussi connaisseur de femmes que de chevaux ? La tonalité truculente et comique est jetée sur la scène avec cran et même s’il est triste d’être né pauvre, cette communauté du voyage, minorité vivant de récup’, de vols et de rapines sous couvert de rétamage dans une roulotte égarée, n’en désire pas moins s’intégrer socialement.

Un flamenco rageur autant que tendre, percutant et sensuel
Sarah envisage de vivre dans sa maison en maîtresse de son destin car c’est « la cohérence d’une femme avec elle-même ». Auparavant, il faudra en passer par le curé pour une pièce en or et un broc en fer-blanc. Mais s’arrêtera-t-il pour parler avec ces gens de peu ? En tout cas, le volume sonore de la guitare frappée virilement par Michael (Guillaume Franceschi) impose sa loi racée tandis que Sarah (Karine Gonzalez) danse un flamenco rageur autant que tendre, percutant et sensuel, révélant un désir de vivre de feu et de flammes. La mère Mary (Alexandra-Shiva Mélis) s’adonne sans retenue à sa nature décomplexée. Les percussions de caractère expressif de Michael sur les ustensiles en fer-blanc, véritable quincaillerie de bric-à-brac, succèdent aux poses de madones lascives et décidées et au jeu d’éventails colorés de Sarah. Cette gestuelle andalouse est agrémentée de l’art de Mary, la manipulatrice des voiles et des marionnettes. Une bouteille lumineuse s’élève avec élégance, une marionnette surgit qui signifie, en écho au personnage bouffon et féerique de la mère, les amours d’une reine, Deidre des douleurs, autre pièce de Synge. Tous ces talents participent de l’esprit revendicatif d’êtres en mal de reconnaissance. Joie et convivialité festive.
Véronique Hotte


Les Noces du Ferblantier
De John Millington Synge, adaptation Xavier Marcheschi, mise en scène de Marjorie Nakache, du 21 janvier au 7 février 2010, vendredi et samedi 20h45, les 21, 27 et 28 janvier, le 2 février 14h, les 24 janvier et 7 février 16h au Studio-Théâtre de Stains, 19 rue Carnot 93240 – Stains Tél : 01 48 23 06 61 www.studiotheatrestains.fr 

A propos de l'événement


x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le Théâtre

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Théâtre