Les Frivolités parisiennes de Benjamin El Arbi et Mathieu Frano fêtent leurs 10 ans

Petit retour en arrière à l’occasion du dixième anniversaire des Frivolités parisiennes : de quelles envies est né votre projet d’orchestre et de compagnie ?

Benjamin El Arbi et Mathieu Frano : De l’envie de prolonger l’ambiance frivole d’une inoubliable soirée d’opéra-comique et de la volonté de rendre ses lettres de noblesse à un répertoire méconnu, véritable passerelle entre théâtre et musique dite savante. Nous avions envie de traiter la musique légère avec égards et savoir-faire, en découvrant des répertoires, en proposant de l’inattendu et de l’inédit. Il y avait aussi l’envie de remettre l’orchestre au centre d’un projet, l’envie de l’esprit de troupe, l’envie de s’amuser.

Les deux productions principales de la saison de l’ensemble seront « Cole Porter in Paris » au Châtelet puis « Là-haut » à Compiègne… Quels sont ces deux spectacles ? 

Benjamin El Arbi et Mathieu Frano : Ce sont deux productions « 100% made in Les Frivos », qui impliquent aussi Christophe Mirambeau et Pascal Neyron, conseillers artistiques dans la compagnie, qui collaborent à  la réalisation de toutes ces envies dont nous venons de parler. « Là-haut », mis en scène par Pascal, c’est avant tout le duo Maurice Yvain-Albert Willemetz qui nous est si cher aux Frivolités. Ce duo est la marque d’une époque et d’une écriture mélangeant rythmes américains et musique française. L’œuvre recèle du mordant, du fondant, des enjeux, en comptant sur la présence de l’orchestre et de l’équipe artistique du Testament de la tante Caroline d’Albert Roussel, qui avait connu un succès il y a trois saisons. « Cole Porter in Paris », c’est une création originale dont Christophe signe la conception, les dialogues et la mise en scène. Un spectacle d’humeurs qui nous fait entrer dans l’intimité de Cole Porter, de son amour pour Paris, là encore dans un style hybride, entre jazz et musique savante. Les musiciens seront sur scène, au service d’orchestrations brillantes, avec autour d’eux dix danseurs et cinq chanteurs. Cela promet une aventure aussi intimiste qu’éclatante.

« Nous avions envie de traiter la musique légère avec égards et savoir-faire, en proposant de l’inattendu. »

Quelle est la part de nostalgie dans le désir de monter de tels spectacles ?

Benjamin El Arbi et Mathieu Frano : Aucune !  Nous ne sommes ni un musée ni une antichambre de l’INA. Même si la préparation des spectacles est historiquement informée, l’idée n’est en aucun cas de donner une rétrospective.  Le traitement est celui d’artistes bien ancrés dans leur 21e siècle avec tous les aspects que cela revêt.

Les Frivolités parisiennes sont en résidence au Théâtre impérial de Compiègne. Parlez-nous de cette collaboration.

Benjamin El Arbi et Mathieu Frano : La collaboration avec Compiègne a d’abord une dimension symbolique, puisqu’elle marque la confiance d’une grande institution dans notre compagnie et l’esprit qui s’en dégage. Ensuite, elle est essentielle parce qu’elle participe à la production de créations et de recréations en mettant à disposition des moyens financiers et structurels indispensables. Nous participons activement à la vie du théâtre, menons des projets pédagogiques… Compiègne par sa structure et son audace nous permet d’étoffer un répertoire méconnu et nous soutient dans notre entreprise de création pour un public qui aime se laisser surprendre.

Propos recueillis par Jean Lukas