Les Dix commandements de Dorothy Dix, ou l’intimité d’une femme comme les autres, mis en scène par Denis Marleau

Elle est née aux États-Unis, en 1861, sous le nom d’Elizabeth Meriwether Gilmer. Mais c’est sous son nom de plume, Dorothy Dix, que cette journaliste est entrée dans la postérité. Les conseils de vie qu’elle prodigua dans la presse américaine de 1895 à sa mort, en 1951, furent suivis par des dizaines de millions de lectrices et de lecteurs. Plus particulièrement sa chronique la plus célèbre, Les Dix Commandements pour une vie heureuse, qui se proposait d’enseigner aux femmes des années 1930 et 1940 un « nouveau modèle de bonheur typiquement américain ». C’est à partir de ce mode d’emploi en dix préceptes que l’autrice Stéphanie Jasmin (qui signe la scénographie et les vidéos du spectacle) a écrit le monologue théâtral présenté, en ce mois de juin, par le metteur en scène Denis Marleau dans la petite salle de La Colline.

Une femme qui déroule le film de sa vie

Décidez d’être heureuse. Tirez le meilleur de votre situation. Ne vous prenez pas au sérieux. Ne prenez pas les autres trop au sérieux. Ne vous inquiétez pas. Ne nourrissez pas de rancune et d’inimitié. Restez en mouvement. Ne revenez pas sur le passé. Faites quelque chose pour quelqu’un de moins chanceux que vous. Restez occupée. Suivant les dix principes édictés par la journaliste, le texte de Stéphanie Jasmin donne la parole à un personnage de femme qui s’inspire de la grand-mère de l’autrice. À la fois révolte sourde, réminiscence instinctive et désir inconscient de se libérer de quelque chose, Les dix commandements de Dorothy Dix explore l’intimité d’une femme comme les autres, incarnée sur scène par la comédienne québécoise Julie Le Breton. Une femme « qui s’affranchit du passage du temps et des convenances pour jaillir, libre, sans compromis et de façon universelle ».

Manuel Piolat Soleymat