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Jazz / Musiques - Entretien

Le violoniste Mathias Lévy signe un nouvel album, « Unis vers », en trio avec Jean-Philippe Viret et Sébastien Giniaux.

Le violoniste Mathias Lévy signe un nouvel album, « Unis vers », en trio avec Jean-Philippe Viret et Sébastien Giniaux. - Critique sortie Jazz / Musiques Paris Amphithéâtre de la Cité de la Musique
©Jean-Baptiste Millot

CITE DE LA MUSIQUE / JAZZ / VIOLON

Publié le 26 novembre 2019 - N° 282

Dans la nouvelle génération des violonistes de jazz français, Mathias Lévy (né en 1982) n’est probablement pas le plus en vue. Mais qu’il revisite l’héritage de Stéphane Grappelli (comme dans son opus précédent « Revisiting Grappelli ») ou s’aventure, comme dans son superbe nouvel album « Unis vers », sur des territoires plus intimes et secrets, sa musique porte en elle une grâce naturelle, une générosité mélodique et une science musicale qui impressionnent. Dans ce nouveau répertoire entièrement dédié à des compositions originales, il prolonge la collaboration en trio (à cordes) avec Jean-Philippe Viret (contrebasse) et Sébastien Giniaux (violoncelle et guitare), entouré de quelques invités nommés Vincent Peirani et Vincent Ségal. Un régal.

Dans votre album précédent vous rendiez hommage à Stéphane Grappelli, qui est un peu le père de tous les violonistes improvisateurs. Cet ancrage et cette référence au passé sont-ils cruciaux dans votre développement musical ?

Mathias Lévy : Je pense qu’en art comme en toutes choses rien ne naît du néant, et les exercices de relecture, de réécriture, de mises en abîme ont toujours fait partie de l’évolution de la musique, dans tous les styles et à toutes les époques. Par ailleurs, la musique de Stéphane Grappelli et Django Reinhardt a été ma première porte d’entrée dans l’univers du jazz, et il était nécessaire à ce moment de mon parcours de repasser dans leur sillage, comme on rentre voir sa famille après un long voyage.

« J’aime imaginer qu’improviser, c’est parler, raconter son histoire en musique, de la façon la plus sincère et directe possible. »

Après l’hommage, il y a dans ce nouvel album « Unis Vers » comme le désir de s’envoler au contraire vers un ailleurs musical…

Mathias Lévy : Ma démarche a toujours été de m’inspirer de toutes les musiques qui me touchent, qui m’interpellent pour une raison ou une autre, sans frontière stylistique ni géographique. C’est pour cela que j’ai choisi le jazz, comme un langage qui me permet de communiquer, de communier avec des musiciens de partout. Ces influences se ressentent à la fois dans mon jeu de violon et dans ma manière de composer.

Vous renouez dans ce disque avec un instrument, le violon Hel « Grappelli » de 1924, qui a été celui de Stéphane Grappelli. Au-delà du symbole, quel est l’impact de cet instrument sur votre jeu, votre énergie, votre inspiration ?

Mathias Lévy : À chaque fois que je retrouve cet instrument je suis époustouflé par sa puissance et sa sonorité. J’avoue que j’ai du mal à m’en séparer et j’attends impatiemment le concert à la Philharmonie pour le retrouver ! On dirait qu’il est fait pour le jazz, et surtout il a ce timbre solaire, lumineux, qui évoque instantanément Grappelli. Quand Stéphane jouait, il souriait, c’était son attitude, une sorte d’élégance, de générosité. C’est ce que m’évoque ce violon et c’est très inspirant.

Le violon redevient sous vos doigts l’instrument du lyrisme, semble retrouver une forme d’innocence… Qu’en pensez-vous ?

Mathias Lévy : Effectivement l’innocence est un mot qui me plaît, j’aime imaginer qu’improviser, c’est parler, raconter son histoire en musique, de la façon la plus sincère et directe possible. Si je veux être honnête avec moi-même, je ne peux pas occulter le violon classique avec lequel j’ai appris la musique et que j’aime profondément. J’essaye donc dans ma musique de faire cohabiter mélodie, lyrisme, polyrythmie et improvisation.

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec

A propos de l'événement

Le violoniste Mathias Lévy signe un nouvel album, « Unis vers », en trio avec Jean-Philippe Viret et Sébastien Giniaux.
du mardi 17 décembre 2019 au mardi 17 décembre 2019
Amphithéâtre de la Cité de la Musique
221 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris

à 20h30. Tél. : 01 44 84 44 84.

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