La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Le Mariage de Figaro

Le Mariage de Figaro - Critique sortie Théâtre
Photo : Cosimo Mirco Magliocca Légende photo Des comédiens du Français au mieux de leur forme pour Le Mariage.

Publié le 10 octobre 2007

Christophe Rauck entonne une Folle Journée un rien parodique dans la mise à distance des enjeux sociopolitiques de l’œuvre. Une mécanique divertissante avec quelques accents de belle gravité.

La trilogie de Beaumarchais, c’est Le Barbier de Séville (1775), puis Le Mariage de Figaro (1784), plus nostalgique avant le drame de La Mère coupable (1792). Sans doute le scepticisme de l’auteur, s’accroît-il au fil des ans en observant les relations humaines éloignées de toute équité économique, sociale et sexuelle. Le commerce des hommes est l’objet des affaires de Figaro, consentant à tous les métiers, tendu par l’appât du gain, des honneurs et des plaisirs. À travers l’Europe des Lumières, les relations d’échange entre maître et valet sont plus qu’inégales. Un grand seigneur espagnol, le Comte Almaviva (Michel Vuillermoz grand seigneur) poursuit de ses assiduités Suzanne (facétieuse Anne Kessler), la camériste de son épouse. Mais ces dernières, aidées de  Figaro, amant de Suzanne, s’allient pour contrer le projet du Comte « que son rang, sa fortune et sa prodigalité rendent tout-puissant pour l’accomplir » (Préface). Figaro est le rival en amour et en prestige d’un maître dont il revendique le pouvoir et l’argent. Par-delà les conditions sociales et les générations, les manœuvres mercantiles ont force de loi dans un monde désenchanté. Almaviva promet une dot à Suzanne qui épouse Figaro, si elle consent à ses avances.

Faveurs et plaisirs s’échangent, une ronde métaphorique de la vie.

Chacun court après un bonheur âpre, profit, argent ou libertinage. La Comtesse (Elsa Lepoivre) n’est pas indifférente à Chérubin, amoureux de Suzanne et de Fanchette, « visitée » par le Comte. Faveurs et plaisirs s’échangent, une ronde métaphorique de la vie. Des péripéties de farce enrayent la mécanique du mariage qui tarde à s’accomplir. Marceline, la mère de Figaro tout juste reconnue, disserte à présent sur la condition des femmes abandonnées. Pour ce bal de la confusion des âmes – une parade de l’inconstance sentimentale et de l’instabilité des situations sociales -, Christophe Rauck insuffle une verve de diablotin à cette Folle Journée. À l’image de Figaro qu’incarne avec brio le fier-à-bras Laurent Stocker, « jamais fâché, toujours en belle humeur, généreux comme un seigneur… », la mise en scène enlevée s’amuse du théâtre : « Jouons-nous une comédie ? » Impertinences, bouffonneries, malice et jeux de mots, une insolence légère égaie ces tréteaux de foire, robes suspendues, fanfare loufoque, toréador et taureau de feu, peintures d’Uccello et ombres de chasse aux bois saillants. Le Comte, trompeur trompé, trône au milieu des flambeaux amers de fin de fête.
Véronique Hotte
La Folle Journée
Ou Le Mariage de Figaro

De Beaumarchais, mise en scène de Christophe Rauck jusqu’au 27 février 2008 en alternance à la Comédie – Française salle Richelieu Place Colette 75001 Paris Tél : 0825 10 16 80 (0,15 euro/mn) 
www.comedie-francaise.fr

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