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Danse classique - Critique

Angelin Preljocaj revient à Paris avec son « Lac des Cygnes » acclamé à la création

Angelin Preljocaj revient à Paris avec son « Lac des Cygnes » acclamé à la création - Critique sortie Danse Paris Théâtre des Champs Elysées
Jean-Claude Carbonne

Théâtre des Champs-Élysées / Chor. Angelin Preljocaj

Publié le 22 novembre 2025 - N° 338

Renouant avec le ballet narratif, Angelin Preljocaj arrive à Chaillot avec un Lac des Cygnes acclamé lors de sa création à Clermont.

Quand après George Balanchine, Rudolf Noureev, Matthew Bourne et tant d’autres, le plus célèbre des chorégraphes français met ses pas dans ceux de Marius Petipa et Lev Ivanov pour revisiter le mythique Lac des cygnes, l’attente est grande ! Lorsque répétitions et représentations sont incessamment ajournées pour cause de pandémie, elle atteint une certaine apogée. C’est donc finalement dans le superbe écrin de la Comédie, sortie de l’imagination de l’architecte Eduardo Souto de Moura sur les terres clermontoises après trois longues années de travaux, que les Odette, Odile, Siegfried ou Rothbart version Preljocaj ont pris vie et connu leur premier triomphe. Respectant l’argument originel tout en le modernisant, ajoutant à sa danse la vidéo de Boris Labbé et à la musique de Tchaïkovski de l’électro, le directeur du CCN aixois renoue avec la narration. Dans la veine de ses grands ballets tels Roméo et Juliette ou Blanche Neige, il réunit sur le plateau pas moins de 26 – magnifiques – interprètes.

De multiples clins d’œil à l’œuvre originelle

Après une scène inaugurale dans laquelle la princesse Odette, brutalisée par Rothbart et ses deux acolytes gainés de cuir, se transforme par un habile jeu de costume en cygne, actes blancs et noir s’enchaînent. Si les parents de Siegfried (remarquablement interprétés par Clara Freschel et Baptiste Coissieu) prennent dans cette version une importance inédite – elle est une mère aimante, il est un magnat de l’industrie tyrannique qui s’allie à un Rothbart plus malfrat que sorcier – les clins d’œil à l’œuvre originelle sont nombreux. On retrouve notamment une Danse des petits cygnes qui ne manque pas d’humour, d’élégantes diagonales d’oiseaux blancs qui assis replient bustes et bras sur leur jambe tendue, tandis que la délicate Théa Martin, conformément à la tradition, interprète à la fois les rôles d’Odette et d’Odile. Comme à son habitude, le chorégraphe excelle aussi bien lorsqu’il met en scène des danses chorales dont la précision d’orfèvre et la rapidité d’exécution coupent le souffle que dans de tendres pas de deux. Variant les plaisirs, il ajoute à sa grammaire ici une touche plus classique, là un soupçon oriental. Si l’on peut nourrir quelques regrets – l’intrigue manque parfois de lisibilité, le personnage du prince Siegfried, bien que dansé avec ferveur par Laurent Le Gall, est un peu fade, les caractères de l’angélique Odette et de la sulfureuse Odile n’offrent que peu de contraste  –  ce Lac des cygnes reste indéniablement de très belle facture et nul n’est besoin d’être prophète pour lui prédire un très large succès, qui résonnait déjà à tout rompre dans les acclamations d’un soir de première.

Delphine Baffour

A propos de l'événement

Le Lac des Cygnes
du dimanche 21 décembre 2025 au samedi 4 janvier 2025
Théâtre des Champs Elysées
15 avenue Montaigne, 75008 Paris

du lundi au vendredi à 19h30 sauf le jeudi relâche et le mercredi 24 décembre à 15h, samedi à 18h, dimanche à 15h. Tél : 01 49 52 50 50. Durée : 1h50. Spectacle vu à La Comédie de Clermont-Ferrand en octobre 2020.

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