Ding Dong d’après Georges Feydeau, mis en scène par Natalie Royer
Natalie Royer adapte Le Dindon de Feydeau en [...]
Avignon / 2019 - Entretien / Lisa Wurmser
L’altérité, la réussite, la quête d’un idéal : Lisa Wurmser porte à la scène Le Duel, nouvelle au sein de laquelle Anton Tchekhov place face à face deux hommes que tout oppose…
Pouvez-vous nous présenter le cadre et les deux protagonistes principaux du Duel ?
Lisa Wurmser : Le Duel a été publié en 1891, sous forme de feuilleton, dans la revue russe Temps nouveaux. Tchekhov situe l’action sur un bord de mer du Caucase, lieu d’exil qui exacerbe les passions et sur lequel se projettent des utopies contradictoires. Cette histoire d’amour met en scène deux héros que tout oppose : Von Koren, un zoologue darwiniste, raide de certitudes, et Laïevski, un jeune homme indolent qui se laisse vivre.
Qu’est-ce qui a été déterminant dans votre envie de mettre en scène ce texte ?
L.W. : Dans cette nouvelle se croisent des thèmes essentiels pour moi : l’altérité, la réussite, la quête d’un idéal. Le Duel interroge, non sans ironie, les fondements de toute opposition idéologique. Tandis que la montée de l’extrême droite en Europe traduit la mise en cause de nos fragiles équilibres politiques, l’enquête que mène Tchekhov établit un cadre d’analyse actuel et stimulant. Von Koren incarne un scientifique positiviste qui prône une version radicale de la sélection naturelle : le bien supérieur est obtenu par la sélection d’individus capables de fonder une société idéale. Si un duel a bien lieu, toute sa subtilité est de ne pas se réduire à une confrontation violente. Il donne au contraire l’occasion aux adversaires de se rapprocher, de mettre en cause leurs systèmes de pensée respectifs. Tchekhov ne juge pas ses personnages. Il éclaire leurs existences, mélangeant le profond et l’insignifiant. Il montre avec humour comment ces êtres souvent velléitaires vivent leurs passions et leurs désillusions. De cet altruisme clairvoyant naît un théâtre actif et joyeux.
A quel type de représentation souhaitez-vous donner corps à travers votre mise en scène ?
L.W. : Je cherche à créer un théâtre réactif au présent, joyeux et humain. Un théâtre qui parle d’aujourd’hui tout en se référant au passé. J’aime les textes à la fois profonds et simples, suffisamment généreux pour s’adresser à tous. Ma mise en scène vise à donner corps à une fable humaniste et drôle, sans imposer de conclusion morale. Car ici, aucune vérité ne triomphe, aucune théorie ne l’emporte. La vie finit par changer les êtres. Deux hommes destinés à se tuer se disent finalement adieu, de loin, sous une pluie fine dans laquelle se dissolvent leurs certitudes.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 21h45. Relâche les 10 et 24 juillet. Tél. : 04 32 76 02 79.
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