La Terrasse

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Théâtre - Gros Plan

Le Dragon d’Or et Une Nuit arabe

Le Dragon d’Or et Une Nuit arabe - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 septembre 2011 - N° 189

Claudia Stavisky achève son diptyque, inauguré avec Le Dragon d’or en mars dernier. Elle crée Une Nuit arabe, par le dramaturge allemand Roland Schimmelpfennig.

Après La Femme d’avant (2007), Claudia Stavisky poursuit son exploration de l’écriture musicale et millimétrée du dramaturge allemand Roland Schimmelpfennig, né à Götingen en 1967 et régulièrement joué en Europe. Elle associe deux pièces en un diptyque, Le Dragon d’Or, créée en mars 2011, et Une Nuit arabe, créée lors de cette rentrée de septembre. L’auteur a imaginé Le Dragon d’or pour répondre à un ami avocat qui lui demandait d’écrire une pièce sur l’immigration illégale en Allemagne. L’histoire évoque un jeune Chinois venu retrouver sa sœur dans une grande ville occidentale. Travailleur illégal dans le restaurant Le Dragon d’or, il est soudain pris d’une rage de dents. Entre Les Contes des Mille et une Nuits et La Belle au Boit Dormant, dans un immeuble où l’eau s’arrête au septième étage, Une Nuit arabe met en scène au cœur d’une nuit hallucinée voire cauchemardesque Fatima et Vanina, amnésique et secrète. Entremêlant rêve et réalité, l’écrivain renouvelle le modes narratifs et le traitement de la temporalité en multipliant les angles d’approche, questionnant ainsi la représentation même et donnant à ses personnages une forme de mystère mais certainement pas d’hermétisme. « C’est un peu comme les boules à facettes dans lesquelles tout se reflète et où l’identification n’est jamais directe. » dit la metteure en scène. Et le style fluide, incisif, ludique accroche le spectateur.

Vertige et confusion
Pourquoi ce diptyque ? « D’abord parce que les deux pièces situent l’action dans un immeuble. Une nuit arabe se déroule dans une barre HLM de banlieue, Le Dragon d’or dans un immeuble d’une grande métropole occidentale. Autre point commun : chacune des deux pièces a cinq personnages, trois hommes et deux femmes. Elles traitent aussi toutes les deux de la mondialisation, du triomphe du capitalisme libéral dans toute sa splendeur et de la décadence des civilisations européennes. Elles évoquent notre regard d’occidentaux sur ces cultures qui nous font peur et nous fascinent, du rêve de l’autre. » Ainsi Claudia Stavisky travaille-t-elle sur la verticalité dans les deux mises en scène, verticalité évoquant le gigantisme foisonnant du monde urbain, le vertige du temps et de l’espace, les chamboulements de ces vies contemporaines constamment agitées et fréquemment déracinées. Et les multiples changements d’angle de l’écriture et de la perception – rappelant une écriture cinématographique et une caméra subjective – font écho à ce vertige et cette confusion. Une œuvre aux échappées oniriques singulière et passionnante. 

Agnès Santi


Une Nuit arabe de Roland Schimmelpfennig du 22 septembre au 13 octobre à 20h, relâche le dimanche et lundi, Le Dragon d’or du même auteur les 8 et 14 octobre à 20h, Intégrale les 9 et 16 octobre à 16h, le 15 à 20h, au Théâtre des Célestins, 69002 Lyon. Tél : 04 72 77 40 00.  

A propos de l'événement


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