La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Le Dernier Métro

Le Dernier Métro - Critique sortie Théâtre Lyon Célestins – Théâtre de Lyon
Dorian Rossel © Stéphanie Argerich

François Truffaut / mes Dorian Rossel

Publié le 23 août 2018 - N° 268

Le metteur en scène franco-suisse revisite le célèbre film de François Truffaut sur la vie d’un théâtre pendant l’Occupation.

Quand avez-vous découvert Le Dernier Métro ?

Dorian Rossel : Ce film fait partie du patrimoine collectif. J’ai dû le voir enfant puis à différentes périodes de ma vie, mais ce qui est intéressant c’est qu’on en fait à chaque fois une nouvelle lecture et qu’il continue à agir dans notre inconscient. Beaucoup se souviennent du trio incarné par Catherine Deneuve/Gérard Depardieu/Heinz Bennett. En fait, le film évoque une pluralité de parcours et de personnages qui tissent leurs liens et essaient de trouver leur place dans un microcosme, pendant la guerre.  Comment fonctionner ensemble dans un temps de crise ?

 Est-ce cette question qui vous a poussé à en faire une adaptation ?

D.R. : Il y a dans ce film une observation minutieuse de la vie et de ce besoin qu’ont les gens – on l’a vu récemment après les attentats – d’aller vers les autres, d’aller dans les théâtres, d’écouter des histoires ensemble. Souvent les films parlent très mal du théâtre. Le Dernier Métro est une exception : Truffaut fait une magnifique déclaration d’amour au théâtre. Il fait aussi l’éloge de la débrouillardise. Il montre des êtres qui trouvent des stratagèmes pour fonctionner ensemble et pour qu’advienne de la poésie. Ce qui est intéressant aussi c’est que tous les personnages ont des rôles à jouer dans leur vie : ils sont une chose et une autre. Le paroxysme en est le personnage joué par Catherine Deneuve qui est à la fois une comédienne célèbre, une épouse dont le mari se cache dans la cave, une femme sensible au charme du personnage incarné par Depardieu, une directrice du théâtre. Truffaut décrit un monde complexe où l’être humain doit trouver sa place sans renoncer à ses croyances mais en devant composer avec le contexte. Ses personnages ne sont pas résistants sur les champs de bataille, ils sont résistants au sens où ils essaient de faire que le théâtre ne meure pas, que tous puissent travailler dans les meilleures conditions possibles malgré, par exemple, les coupures de courant… Paris est occupé et pourtant il faut vivre. Je trouve important de se redire cela : n’oublions pas la vie, prenons soin de tous ces lieux où les choses s’inventent, où les gens se mettent ensemble, parlent, se regardent, s’aiment.

« Comment fonctionner ensemble dans un temps de crise ? »

Comment avez-vous procédé pour l’adaptation ?

D.R.: Le scénario est extrêmement bien écrit. Je n’ai pas essayé de rivaliser avec le film : l’idée est de redonner à entendre la pertinence d’une parole en la mettant dans une écoute au présent, ici et maintenant. Passer du langage cinématographique à un langage théâtral détaché des images du film permet d’entendre autre chose. La force de la pièce est dans l’écoute du présent et l’écoute à plusieurs.

 

Entretien réalisé par Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

Le Dernier Métro
du mercredi 19 septembre 2018 au samedi 22 septembre 2018
Célestins – Théâtre de Lyon
4 rue Charles Dullin, 69002 Lyon.

Du 19 au 22 septembre 2018 et du 2 au 4 octobre 2018 à 20h.  Tél. : 04 72 77 40 00. Durée estimée : 1h35.

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