Elsa Dreisig aux Grandes Voix dans Strauss, Rachmaninov et Duparc, avec Jonathan Ware au piano, pour la sortie de l’album « Morgen »
Strauss, Rachmaninov et Duparc sont les trois [...]
Formation baroque majeure de la scène française depuis 20 ans, l’ensemble lyonnais Le Concert de l’Hostel Dieu de Franck-Emmanuel Comte est à l’initiative d’un ambitieux projet consacré aux femmes compositrices de l’ère baroque. Cycle de concerts, web-série, formation d’une chorale solidaire, tables rondes, recherches musicologiques (avec le Centre de musique baroque de Versailles) et même création d’une œuvre contemporaine constituent le cœur du cycle « Baroque au féminin », qui interroge plus largement sur la place des femmes dans le monde de la musique.
En vous intéressant aux compositrices baroques italiennes et françaises, avez-vous eu l’impression de découvrir un continent musical jusqu’alors inconnu ?
Franck-Emmanuel Comte : Certaines des compositrices que nous abordons sont déjà pleinement reconnues, telles Barbara Strozzi ou Élisabeth-Claude Jacquet de la Guerre. Ce n’est pas le cas d’autres créatrices telles que Julie Pinel, Hélène-Louise Demars ou Mademoiselle Duval. Dans ce cas, le travail de découverte que nous avons mené avec le Centre de musique baroque de Versailles est passionnant, car nous entrons sur une terra incognita. Comprendre l’univers historique et musical de ces artistes oubliées est à la fois excitant et émouvant. Aller au-devant de leurs sensibilités, comprendre leurs inspirations et s’approprier leurs musiques constitue une démarche stimulante qui nourrit notre approche interprétative du style baroque.
Dans le programme « Le Parnasse au féminin », vous associez à des œuvres de musiciennes baroques, une œuvre commandée à une compositrice vivante, Émilie Girard-Charest. Pourquoi ?
Franck-Emmanuel Comte : Valoriser le travail des créatrices des siècles baroques est une démarche à la fois palpitante sur le plan musical et importante sur le plan historique et sociétale. Faire une commande à Émilie Girard-Charest, jeune compositrice québécoise, répond à plusieurs envies personnelles : soutenir le travail d’une créatrice du XXIe siècle dont le talent, comme celui de toutes ses consœurs, me semble insuffisamment valorisé, proposer un contrepoint contemporain au travail des compositrices baroques, mettre en valeur le talent de l’une des musiciennes pivot de l’ensemble, la violoncelliste Aude Walker-Viry, et enfin créer une œuvre en soliste pour la basse de violon, un instrument pour lequel aucune œuvre contemporaine n’a jamais été créée.
Vous êtes aussi à l’origine de deux initiatives originales : une chorale féminine solidaire, et une web-série présentant neuf compositrices baroques. Quel sens donnez-vous à ces initiatives qui sortent un peu du champ d’action habituel d’un ensemble spécialisé ?
Franck-Emmanuel Comte : Le Concert de l’Hostel Dieu associe systématiquement à ses projets de création des parcours de sensibilisation, lesquels visent à faire partager notre passion à un public le plus large possible. Apporter des éléments didactiques, des clés d’écoute, et proposer des actions inclusives et solidaires font partie de notre ADN, voire même de notre raison d’être. Pour les musiciens de l’ensemble, c’est l’occasion de nouer des liens humains inspirants au-delà du seul microcosme professionnel et de réfléchir plus globalement à notre place d’artiste interprète et de créateur dans la société.
Propos recueillis par Jean Lukas
Tél. 04 78 38 42 00.
Et aussi le 26 mars à l’Institut Français de Londres (Royaume Uni).
Strauss, Rachmaninov et Duparc sont les trois [...]