Enjambe Charles
Sophie Perez et Xavier Boussiron se mettent à [...]
Nathalie Grauwin adapte et met en scène la comédie en trois actes de Georges Feydeau, où la puissance du désir chamboule les âmes et les corps.
Quel affolement et quelle panique dans le coeur des hommes ! Quel chaos dans les foyers ! Dans une langue vive, abrupte, tranchante, Feydeau déclenche de grands bouleversements qui révolutionnent l’âme… et le corps. Le Bourgeon (1906), comédie en trois actes méconnue du dramaturge, met à jour un insondable désordre : les pulsions amoureuses et sexuelles balayent les codes de la bourgeoisie catholique et les convenances sociales ancrées dans une morne routine. Maurice, fils surprotégé par sa mère qui le destine à la prêtrise, est sujet à des malaises. Le diagnostic du médecin est clair : « …c’est le bourgeon qui crève de sève jusqu’à éclater. » « Et qu’est ce qu’il faut docteur, qu’est ce qu’il faut ? » « Mais une femme madame, une femme ! » Terrible nouvelle laissant libre cours à une hystérie générale, que l’arrivée inopinée de la cocotte Etiennette attise encore davantage. Nathalie Grauwin adapte et met en scène la comédie, orchestrant un jeu d’acteurs précis et endiablé, et dévoilant toute la puissance du désir qui s’exprime de mille façons, y compris à l’insu des protagonistes. Le sentiment amoureux s’invite et complique cette quête effrénée, et Feydeau, fin connaisseur des travers et des dérèglements humains, combine cynisme, humour et émotion dans son portrait affûté de personnages déboussolés. L’amour n’y triomphera pas…
Agnès Santi