Laurence Février
Portrait au vitriol de l’attitude des nantis face à la misère
La comédienne Laurence Février, spécialiste d’un théâtre plutôt documentaire avec Ils habitent la Goutte d’Or ou bien Suzanne, s’inspire des Belles Âmes, roman de Lydie Salvayre, pour mettre en scène une déviance, le voyeurisme indigne de touristes transformant la misère en spectacle.
L. F. : Le voyage parcourt l’Europe, en passant par la banlieue parisienne puis par les quartiers d’émigrés turcs en Allemagne et par un squat de drogués à Milan. Le road-movie du bus avec ses passagers s’achève dans un hôpital psychiatrique, et c’est le comble de l’horreur. Les touristes en ont assez et rebroussent chemin. Le potentiel humanitaire est épuisé chez ces militants de hasard, des bonnes âmes à la recherche d’une conscience.
L. F. : La fable devient réalité sous la plume de Lydie Salvayre, qui force le trait. Je suis seule sur le plateau. A mes côtés, la présence de Ahmed Karetti, danseur et artiste de cirque. L’acrobate manipule dans le mouvement un monde imaginaire de pantins, de sculptures de terre cuite confectionnées par les patients artistes de l’atelier Marie-Laurencin de l’hôpital de Montfavet, près d’Avignon. La musique de Vic Moan offre l’ambiance vagabonde souhaitée du road-movie. J’incarne la narratrice, l’écrivain qui parle à la première personne, la récitante de tragédie grecque qui témoigne des passions humaines à travers ces portraits saisis au vitriol.
Les Belles Âmes de Lydie Salvayre, adaptation et mise en scène de Laurence Février, du 23 janvier au 22 février 2008 20h, dimanche 15h, relâche lundi et les 3, 10, 12, 13 et 19 février au Théâtre National de Chaillot 1 place Trocadéro 75016 Paris Tél : 01 53 65 30 00 www.theatre-chaillot.fr Texte publié au Seuil.