La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

L’Atelier volant de Valère Novarina

L’Atelier volant de Valère Novarina - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Rond-Point
© Giovanni Cittadini Cesi Légende : « Les drôles de spécimen de l’Atelier volant. »

Texte et mes Valère Novarina

Publié le 1 octobre 2012 - N° 202

Novarina met en scène un spectacle tonique dont le brio revient à la griffe joyeuse de l’auteur et des acteurs, […]

Novarina met en scène un spectacle tonique dont le brio revient à la griffe joyeuse de l’auteur et des acteurs, loufoquerie et plaisir du verbe. Un peu long.

Ce n’est pas un hasard si l’un des protagonistes – le patron d’une petite entreprise – se nomme Monsieur Boucot, sorte de Monsieur Loyal de cirque à l’allure de bibendum pour pub de pneus. De plus, Olivier Martin-Salvan tout sourire, bondissant, virevoltant et prenant la scène pour un trampoline, chante a cappella quand bon lui semble. Si un boucot est une jolie crevette grise ou un petit bouc, l’homonyme boucaut est un récipient de la forme d’un tonneau. Une façon facétieuse et bon enfant de retomber sur ses pieds dans ce maelstrom scénique. Quant à l’épouse, Madame Bouche, elle défend la cavité orale directement liée à l’organe de la parole, comme l’exige le tout terrain novarinien. Dans le rôle, Myrto Procopiou accuse bien le goût acidulé de sa robe verte des fifties en lampe de chevet. Un troisième larron se trouve du côté des décideurs, le médecin vêtu de sombre. À l’opposé enfin, en face des puissants, le désordre des désarmés et des rêveurs que sont les chercheurs d’emploi. Le mélancolique Nicolas Struve et le ronchon Dominique Parent font partie du lot, bon an mal an.

Mise en abyme

Ce sont des « manuels » non livresques mais humains qui obéissent à la voix et au geste, même s’ils préfèrent garder intacts pour soi, une main ou bien un quart de tête. C’est un personnel de choix dont est amateur et grand collectionneur l’embaucheur. La pièce écrite il y a quarante ans garde une fraîcheur frappante, c’est une mise en abyme réactualisée de crise dans la crise ou de théâtre dans le théâtre. Pôle Emploi et terrorisme financier, il reste à slalomer entre des repères perturbés : « Moi aussi, je veux m’élever dans les conditions », dit un travailleur. Ils sont artisans, fabricants, rivés sur l’établi à leur robot, à leur pinceau, manipulant des cubes de carton rouge ou des chapeaux de papier blanc. Ces pantins sortis d’un tableau naïf partent en vacances, une fresque peinte déroulée sur le sol dessine la mer et ses coquillages, cabines colorées et parasols pastel. On se repose avant de prétendre aux revendications : « Mais si vous continuez à récriminer, vous allez faire capituler la boîte ! Et si la boîte capitule, il n’y aura plus de dollars pour personne, le cours des hausses s’effondrera, et vous avec ! ». Il n’est nul besoin de lire le journal même si la fiction est encore en deçà de la réalité de 2012. L’Atelier volant fait s’envoler le public enchanté à l’écoute de cette langue et de cette esthétique si singulières. Mais la soirée s’étire un peu malgré la tonicité des acteurs : il aurait fallu « dégraisser » le temps …

 

Véronique hotte

A propos de l'événement

L’Atelier volant
du samedi 15 septembre 2012 au samedi 6 octobre 2012
Théâtre du Rond-Point
Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt 75008 Paris

. Jusqu’au 6 octobre 2012 à 21h, dimanche 15h. Tél : 01 44 95 98 21. Durée : 2h15 Texte publié chez POL.
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