La Ribot et Asier Puga présentent « Juana Ficciòn »
C’est une figure féminine historique [...]
Mohamed El Khatib est une des figures de proue du théâtre documentaire en France. La vie secrète des vieux – en fait majoritairement des vieilles – porte sa patte : sept personnes âgées y détaillent sans fausse pudeur leur vie sexuelle et amoureuse. C’est vivant, impertinent, drôle, mais malheureusement plutôt superficiel.
Sur scène, ils auraient dû être huit. Mais, comme en avertit le prologue, eu égard à l’âge des participants, les “incidents” sont possibles. Ainsi George, qui avait pris part à la création, n’est-il plus tout à fait de la partie… On ne sera jamais sûr de la véracité de cette anecdote, et c’est l’une des forces et des limites du dispositif. En effet, si le théâtre de Mohamed El Khatib est fondé sur des collectes, s’il invite sur scène des non-comédiens performant leur propre vie, il y utilise aussi des éléments à sa main, des complices, et, même s’il accueille les improvisations, il prépare aussi des parties très écrites. Il en résulte que le spectacle suit un cheminement bien construit, rythmé, avec une punchline par minute. Mais également que, malgré la spontanéité de la parole, La vie secrète des vieux trahit son caractère très préparé, qui fait ressortir l’émouvante fragilité du jeu de certains des participants.
Susciter l’empathie n’est pas ouvrir une réflexion
Difficile de ne pas être séduit par ces personnes âgées, attachantes et vives en plus d’être peu pudiques. Le fait que le spectacle use d’ironie, qu’il joue en permanence sur les deux tabous que sont la finitude des interprètes et la vigueur de leur vie sexuelle ne les aide pas peu. Ces gens ordinaires sont extraordinaires, et c’est magnifique à voir. Disons-le : ils et elles sont formidables de liberté et de drôlerie, même si les plaisanteries sur les érections et l’envie de se faire “enculer” finissent par lasser. On regrette que Mohamed El Khatib s’en contente : de son ambition proclamée d’avoir un propos politique et sociologique, de montrer l’infantilisation dans les EHPAD notamment, il reste peu. Quand il parle des accompagnateurs sexuels, c’est pour en rire et non pour poser les termes du problème. Et il en va ainsi de tout, de la situation des aides-soignants à l’exemple tragique d’un amour empêché qui est finalement trivialisé. Même s’il avait été le premier à révéler l’existence d’une vie sexuelle des seniors, ce traitement serait resté court, nonobstant le fait que le public rie à gorge déployée. L’une des interprètes affirme sur scène que le théâtre doit poser des questions : c’est une aspiration qui n’est que partiellement réalisée ici.
Mathieu Dochtermann
Les 4, 5, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 15, 16, 17 et 19 juillet à 18h. Durée 1h10. Tél. : 04 90 27 66 50.
C’est une figure féminine historique [...]
Julie Rey, Adrien Desse, Charles Guimier et [...]