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Théâtre - Gros Plan

La Vie de Galilée & Variations Galilée

La Vie de Galilée & Variations Galilée - Critique sortie Théâtre
Crédit photo : Laurent Truquet Légende photo : La troupe du Centre dramatique de La Courneuve dans La Vie de Galilée.

Publié le 10 janvier 2011 - N° 184

Le Centre dramatique de La Courneuve revient à Brecht pour son cinquantième spectacle et s’empare, sous la direction de Pierre Hoden, de la vie de l’hérétique découvreur du ciel.

Le sinistre 22 juin 1633 marque la victoire de l’ordre politique contre la liberté de l’esprit et celle des imbéciles en soutane qui forcèrent Galilée à taire ses théories et ses découvertes mettant en péril l’ordre social autant que l’ordre céleste. Il aurait suffi de prétendre que tout cela n’était qu’un modèle mathématique et enseigner Ptolémée et Aristote en étudiant Copernic en douce… Mais Galilée n’était pas de ces prudents qui recouvrent la vérité d’un voile pudique pour en réserver la révélation à quelques initiés. Il enseignait l’astronomie au fils de sa logeuse, écrivait en langue vernaculaire pour être compris des artisans et méprisait les frileux aux abscons latinismes. Contre la circonvolution, vive la révolution ! Contre la compromission précautionneuse, vive le risque et la joie de penser… Convaincu d’œuvrer au bonheur de l’humanité en décillant ses yeux et en montrant à qui veut les voir les satellites de Jupiter, les phases de Vénus et les montagnes de la Lune, Galilée doit finir par admettre que les aveugles mentaux qui l’entourent sont aussi pleutres que dangereusement bornés. Renonçant dès lors à se battre pour une vérité hérétique et insupportable aux puissants, il accepte l’humiliation de la rétractation pour pouvoir continuer ses travaux, « les mains sales », certes, mais vivant et libre malgré la surveillance assidue qui l’enserre. « Mieux vaut sales que vides » rétorque Galilée à son disciple Andréa qui ne comprend pas l’attitude apparemment soumise de son maître.
 
Une troupe permanente pour un théâtre du mouvement
 
La vie de Galilée est l’occasion pour Brecht d’écrire un texte incroyablement foisonnant. Nombre de thèmes y sont abordés, de la liberté de penser et de créer (qui n’est pas sans écho chez l’auteur de cette pièce écrite en 1938, dans un Danemark encore libre, mais aux portes de la barbarie), aux difficiles rapports qu’entretient l’intellectuel avec les autres, hommes de pouvoir ou membres de sa propre famille. Les idées crépitent en des formules et des tirades poétiques, politiques, métaphysiques et exaltées, et humour et traits d’esprit animent le texte en vibrionnant. Pour la création de son cinquantième spectacle, le toujours vivace Centre dramatique de La Courneuve a invité Pierre Hoden à la mise en scène. Autour de deux jeunes comédiens fraichement sortis du Conservatoire, d’artistes et de techniciens venus d’horizons divers, se construit une aventure artistique animée par les comédiens permanents de la troupe courneuvienne. Le texte de Brecht est prolongé par une seconde création, Variations Galilée, écrite en collaboration avec l’astrophysicien Denis Puy.
 
Catherine Robert


La Vie de Galilée, de Bertolt Brecht & Variations Galilée, de Denis Puy et Pierre Hoden ; mise en scène de Pierre Hoden. Du 19 janvier au 13 février 2011. Mercredi, vendredi et samedi à 20h30 ; jeudi à 19h ; dimanche à 16h30. Centre culturel Jean-Houdremont, place de la Fraternité, 11, avenue du Général Leclerc, 93120 La Courneuve. Tél : 01 48 36 11 44.

A propos de l'événement


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