La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Entretien / Claude Brozzoni

La Véritable Histoire du cheval de Troie

La Véritable Histoire du cheval de Troie - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Avignon Off. La Manufacture
Claude Brozzoni Crédit : DR

La Manufacture / textes de Virgile et Homère / adaptation et mes Claude Brozzoni

Entretien Claude Brozzoni

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

Claude Brozzoni adapte et met en scène les chants des antiques aèdes pour une rencontre entre les spectateurs, un comédien-chanteur et un musicien, sans aucun artifice, dans la pure beauté d’un conte à dire.

 « Il me semble important, dans le théâtre, que les « personnages sur la scène » aient une belle langue. »

Qui sont Enée et Tchavalo ? Pourquoi les présenter comme ceux qui immigrent aujourd’hui ?

Claude Brozzoni : Enée est le fils du mortel Anchise et de la déesse Vénus. C’est un des héros de la guerre de Troie. Il est chanté par Virgile dans L’Enéide, dont il est le personnage central. Tchavalo est un musicien des rues, un personnage venant d’Europe centrale et qui voyage souvent dans mes spectacles. Il est la musique, le souffle, le vent et la liberté. A eux deux, ils racontent le chant II de L’Enéide, la dernière nuit de Troie, le massacre de ses habitants et la fuite des quelques rescapés, puis la longue et épuisante traversée de la Méditerranée… Ils sont les héros antiques, mais aussi tous les héros anonymes qui fuient la guerre dans leur pays au péril de leur vie, affrontant le rejet des hommes qui vivent dans le confort de leurs sociétés.

Comment avez-vous adapté les textes qui inspirent ce spectacle ?

C. B. : J’ai simplement travaillé sur le texte original de Virgile, dans la version de Paul Veyne, en respectant son écriture et sa poésie. Il me semble important, dans le théâtre, que les « personnages sur la scène » aient une belle langue, quelles que soient leurs origines. Elle peut être crue et violente, mais toujours belle, car elle représente le souffle intérieur et les sentiments des personnages.

Pourquoi montrer le monde « du côté des perdants » ?

C. B. : Dans tous mes spectacles, je me suis placé de ce côté, certainement à cause de mes origines. Mes parents étaient des immigrés italiens ayant fui leur pays dans les années 30. Mon père était maçon et ma mère femme de ménage. Depuis le plateau, et au travers des textes de poètes contemporains, comme Peter Turrini, Mahmoud Darwich, Laurent Gaudé, Bertolt Brecht, ou anciens, comme Shakespeare, Hugo, Sophocle, Homère, j’ai toujours parlé de la souffrance des populations. Parce que je pense encore et toujours, qu’un jour viendra, où tout pourra changer et que nous serons à même de mieux nous respecter et enfin devenir les « gagnants » de nos vies.

Quel est le rôle de la musique dans ce spectacle ?

C. B. : La musique a toujours été très importante dans mon travail, car elle dit, mieux que toutes formes parlées, les sentiments qui habitent nos cœurs. Elle est le souffle de ce que nous avons de meilleur. Ici, elle est offerte par l’accordéon. Elle raconte les joies, les peines, mais aussi le voyage. Musique de l’exil et de la route, elle est un peu comme l’Ithaque que recherche Ulysse. Elle est la maison de ceux qui n’ont pas encore trouvé leur maison.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

La Véritable Histoire du cheval de Troie
du vendredi 6 juillet 2018 au jeudi 26 juillet 2018
Avignon Off. La Manufacture
2, rue des Ecoles, Avignon

à 13h25 ; relâche les 12 et 19 juillet. Tél. : 04 90 85 12 71.

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