La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

La Valse d’Icare de et avec Nicolas Devort, mis en scène de Stéphanie Marino

La Valse d’Icare de et avec Nicolas Devort, mis en scène de Stéphanie Marino - Critique sortie Théâtre Paris _Le Lucernaire
© Xavier Cantat La Valse d’Icare

de et avec Nicolas Devort / mes Stéphanie Marino

Publié le 19 décembre 2019 - N° 283

Après Dans la peau de Cyrano, Nicolas Devort signe un nouveau seul en scène. Dans La Valse d’Icare, il incarne toute une galerie de personnages pour raconter le parcours d’un chanteur à succès. Une performance habile, mais qui reste à la surface de ses sujets.

Le Icare de Nicolas Devort n’a pas grand-chose à voir avec son homonyme mythologique. Comme le héros du précédent seul en scène du comédien, Dans la peau de Cyrano, Icare est un jeune homme d’aujourd’hui. Bien que fils d’un aviateur raté – son père, qu’il incarne régulièrement, passe son temps à construire des maquettes d’avion – et non d’un architecte (Dédale, dans le mythe), ce garçon ne rêve pas du tout d’envols. Ce qui l’anime, lui, c’est la musique. Alors il passe outre la désapprobation paternelle et quitte la maison familiale. Sa guitare sous le bras, il se lance dans le monde. Et très vite, grâce à un enchaînement de hasards et de rencontres presque miraculeuses, le succès arrive. Du jour au lendemain, Icare est une star. Ce récit initiatique, le personnage principal le déploie dans La Valse d’Icare à une occasion dramatique : suite à un accident dont on ne saura rien, son fils se retrouve dans le coma. Le succès, les tournées ayant empêché l’artiste de voir grandir son enfant, il tente de rattraper le temps perdu. Il lui raconte ainsi non seulement ses réussites, mais aussi ses échecs. Ses faiblesses face aux attraits de la célébrité, ses excès. Mis en scène par Stéphanie Marino, Nicolas Devort endosse pour cela le rôle de nombreuses personnes. Sur un mode épique, il joue les rôles de toute une vie.

Vie et mort d’une star

Sur un plateau nu à l’exception d’une chaise et d’une guitare, le comédien donne vie aux différents milieux que traverse son héros. À son univers familial d’abord, puis à la scène musicale émergente qu’il fréquente à ses débuts – ses premiers managers, Sylvère et Pollux, sont de sympathiques et généreux bricoleurs –, et enfin à l’industrie musicale qui fait de lui une vedette. Au total, c’est une quinzaine de protagonistes qu’il convoque sur scène. Avec chacun son attitude, son accent qui permettent une identification immédiate. Mais qui ne suffisent pas à créer des portraits complexes. Tout comme Icare, qui peine à s’élever au-dessus du statut de figure pour accéder à celui de personnage, son entourage se compose d’une somme de comportements et de paroles assez convenus. En oscillant entre la vie intime et professionnelle de son chanteur, Nicolas Devort n’en saisit aucune avec profondeur. Rythmé par des morceaux de sa composition qu’il interprète en direct, La Valse d’Icare survole de nombreux sujets sans en creuser aucun. Jouant tantôt la carte du comique, tantôt celle du tragique, l’artiste fait le pari du grand écart, de la performance, au détriment de l’écriture.

Anaïs Heluin

A propos de l'événement

La Valse d’Icare de et avec Nicolas Devort, mis en scène de Stéphanie Marino
du mercredi 11 décembre 2019 au dimanche 26 janvier 2020
_Le Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris

du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 16h. Durée de la représentation : 1h15. Tél. 01 45 44 57 34. www.lucernaire.fr

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