Sous la direction de Michel Didym, Julie-Marie Parmentier s’empare de La Séparation des songes, premier texte théâtral du romancier et universitaire Jean Delabroy. Accompagnée au violoncelle par Charlotte Castellat, la comédienne crée un monologue dont la force pâtit de certaines fragilités.
C’est entre à-plats d’obscurité et ébauches de lueurs, cheminements poétiques et contre-chants de violoncelle que la comédienne Julie-Marie Parmentier explore les sinuosités d’une conscience éclatée. La conscience d’une jeune fille enlevée à ses parents alors qu’elle était enfant, jeune fille égarée qui n’échappe à sa captivité que de nombreuses années plus tard. Si La Séparation des songes est la première œuvre que Jean Delabroy signe pour le théâtre, l’écrivain a souvent, par le passé, confronté son univers aux empreintes de faits-divers tragiques. « Ceux de mes textes auxquels je suis le plus attaché, confie-t-il, sont nés de la même façon : une histoire un jour, qui me tombe dessus au même moment que tout le monde, et je suis aussitôt comme “réquisitionné”, j’ai l’impression qu’on vient me chercher, moi personnellement. » Ainsi, c’est suite à un fait-divers ayant marqué les esprits il y a quelques années que le monologue mis en scène aujourd’hui par Michel Didym a vu le jour. Un monologue qui, sur le plateau de Théâtre Ouvert, prend corps à travers des résurgences et des résonances aux portées inégales.
Une jeune fille assaillie de questions
L’art d’investir et de transmettre, seul(e) sur scène, l’ampleur, la richesse d’un imaginaire d’auteur est un art difficile. Nombre d’excellents comédiens s’y sont essayés, avec plus ou moins de réussite. Julie-Marie Parmentier se lance dans cet exercice périlleux avec justesse et sincérité. Dévoilant la pluralité des voix qui traversent et composent son personnage, la comédienne trace les multiples lignes de fuite d’une histoire douloureuse et incertaine. Une histoire qui s’illustre par le biais de jolies perspectives poétiques, humaines et musicales. Pourtant, cette Séparation des songes ne parvient pas à échapper à une forme de monotonie. Une monotonie qui va et vient, que l’on perd avant qu’elle ne nous rattrape, révélant la présence de quelques phases d’essoufflement. Eparses, transitoires, ces phases ne l’emportent pas sur les autres aspects du spectacle. Mais, ils donnent le sentiment que cette échappée intérieure aurait pu, par moments, nous parvenir avec davantage de singularité, davantage de contrastes.
La Séparation des songes (texte édité aux Editions Théâtre Ouvert collection Tapuscrit), de Jean Delabroy ; mise en scène de Michel Didym ; création musicale de Charlotte Castellat. Du 25 septembre au 17 octobre 2009. Le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h, le samedi à 16h. Représentations exceptionnelles le lundi 28 septembre à 20h et le mercredi 14 octobre à 21h. Théâtre Ouvert, 4 bis, cité Véron, 75018 Paris. Réservations au 01 42 55 55 50.