Moi, une petite histoire de la transformation
Encore une forme surprenante née de [...]
La Résistible Ascension d’Arturo Ui entre au répertoire de la Comédie-Française. Pour mettre en scène la pièce de Bertolt Brecht, l’Administrateur général de la Maison de Molière a choisi Katharina Thalbach, fille de l’actrice allemande Sabine Thalbach et du metteur en scène suisse Benno Besson.
Vous avez grandi, au côté de votre mère, avec les œuvres de Bertolt Brecht. Quelle relation intime entretenez-vous avec ce théâtre et plus particulièrement avec La Résistible Ascension d’Arturo Ui ?
Katharina Thalbach : Ma mère a commencé à travailler avec Bertolt Brecht à l’âge de 16 ans. J’ai donc grandi dans les loges du Berliner Ensemble, mais aussi dans la salle, où j’ai pu voir à de très nombreuses reprises la première version de La Résistible Ascension d’Arturo Ui créée, après la mort de Brecht, par Peter Palitzsch et Manfred Wekwerth (ndlr, en 1958). Je devais avoir quatre ou cinq ans. Ma mère interprétait le rôle de Dockdaisy, en alternance avec Barbara Schall, la fille de Brecht, qui était l’une de ses grandes amies.
Quel souvenir gardez-vous de ce spectacle ?
K.T. : Il me faisait très peur ! Tout en me divertissant beaucoup. A l’époque, je ne savais pas ce qu’était le fascisme (ndlr, La Résistible Ascension d’Arturo Ui est une allégorie de l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler). Et je ne connaissais aucun des films de gangsters qui ont inspiré Brecht… La seule chose que je savais, c’est que le spectacle auquel j’assistais me paraissait dangereux, palpitant, drôle, et que je n’avais qu’une seule envie : le voir, le revoir et encore le revoir.
Pourquoi n’avoir jamais mis en scène cette pièce, avant l’invitation de la Comédie-Française ?
K.T. : En Allemagne, deux grandes mises en scène de cette pièce ont marqué l’histoire : celle que j’ai vue lorsque j’étais enfant et celle signée par Heiner Müller (ndlr, en 1995, quelques mois avant la mort du grand homme de théâtre), qui est encore jouée aujourd’hui. Ces deux représentations sont mythiques. Je n’aurais jamais osé me confronter à elles dans mon pays.
Vous avez choisi de mettre en scène La Résistible Ascension d’Arturo Ui comme un grand spectacle populaire, vous appuyant, en cela, sur les indications de Bertolt Brecht…
K.T. : Oui, Brecht voulait que sa pièce investisse trois champs différents : l’univers des films de gangsters américains, la tragédie élisabéthaine et le théâtre de foire. Le théâtre de Brecht, comme celui de Shakespeare, a l’exigence d’être là pour tous.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat (traduction de Ruth Orthmann)
Du 1er avril au 30 juin 2017. En alternance. Matinées à 14h, soirées à 20h30. Tél. : 01 44 58 15 15. www.comedie-francaise.fr
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