Hidden et Choice
Un double programme pour découvrir le travail [...]
Avignon / 2013 - Entretien Christian Rizzo
Christian Rizzo interroge le mouvement à la recherche des folklores unissant une communauté d’hommes, dans l’alliance de l’archaïsme et du contemporain.
Cette nouvelle pièce met en scène huit hommes. Autour de quoi les avez-vous rassemblés ?
Christian Rizzo : Cela faisait un petit moment que je m’intéressais à des danses folkloriques repérées plutôt dans le bassin méditerranéen, en Algérie, au Maroc, en Espagne, en Turquie, en Grèce et au Liban. Il y a dix ans, j’avais vu à Istanbul une très courte danse, et elle m’avait beaucoup marqué. J’ai décidé de partir sur le chemin du souvenir de cette danse. Pas avec l’idée de recréer une danse folklorique existante, mais plutôt d’aller puiser dans le registre factuel de ces danses, pour voir en quoi elles résonnent avec des pratiques de danse contemporaine. En déplaçant le curseur, la danse peut partir d’un coup dans une direction folklorique ou dite populaire, ou dans une danse que l’on pourrait qualifier de minimaliste. Le mouvement lui-même pouvant être assez identique, c’est plutôt la question de l’écriture de ce mouvement et le contexte qu’on donne à cette danse qui la qualifie. C’est ça qui m’a intéressé : entretenir ce rapport volontairement flou entre ces deux pôles, hélas très souvent considérés comme antinomiques – le populaire et le contemporain.
Comment s’inscrit cette pièce dans votre démarche ? Vient-elle, depuis Le Bénéfice du doute, conforter l’idée d’un retour au geste ?
C. R. : Comme toutes mes pièces, elle s’inscrit dans une suite logique. Je trouvais, ces dernières années, que la question de l’image prenait le dessus, au point que lorsque l’on discutait de mes pièces, on ne se basait pas sur l’écriture mais sur les images produites. Avec L’oubli, toucher du bois (2010), j’ai fait sortir volontairement les objets du plateau, pour chercher ce que les corps avaient à dire en tant que tels dans un espace vide, et interroger beaucoup plus l’espace scénographique en observant le vide entre les danseurs. C’est parti comme ça, et j’ai repris goût au mouvement. J’ai un regard musical avant tout, et cette musicalité, venue s’appliquer à des questions d’architecture du corps, a fait que le mouvement m’est devenu nécessaire.
Cette façon de montrer ces hommes, avec la présence de la batterie sur scène, sera-t-elle de l’ordre du rituel ?
C. R. : Faire un spectacle, c’est pour moi fabriquer d’abord un rituel, sinon cela n’a pas de sens. J’aime la question du sacré quand elle est déconnectée de l’enjeu du religieux. Ici, il s’agit de montrer comment une communauté d’hommes accepte à la fois d’être une puissance et une fragilité, comment une communauté masculine accepte d’être à la fois une force et une faiblesse.
Propos recueillis par Nathalie Yokel
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