La Pluie d’été

Ecrit en 1990, La Pluie d’été  de Marguerite Duras reprend des éléments du film de 1984 Les Enfants et de Ah ! Ernesto, court récit pour les enfants datant de 1971. Ce roman dialogué met en situation une famille d’immigrés à Vitry-sur-Seine, et laisse affleurer quelques obsessions durassiennes : la famille, le désir, la relation amoureuse entre frère et sœur, l’adieu à l’enfance, la guerre, la misère sociale… Personnage central, Ernesto découvre un grand livre brûlé – L’Ecclésiaste –  qui raconte à ses nombreux « brothers et sisters » l’histoire ancienne d’un vieux roi. La vivacité, la naïveté et l’humour caractérisent les personnages et la langue vraiment singulière, où le trivial côtoie des fulgurances métaphysiques. Duras confie à la critique et essayiste Aliette Armel à propos de l’écriture : « c’est laisser le mot venir quand il vient, l’attraper comme il vient, à sa place de départ ou ailleurs, quand il passe. Et vite, vite, écrire, qu’on n’oublie pas comment c’est arrivé vers soi. J’ai appelé ça littérature d’urgence ».

Connaissance intime

Sylvain Maurice met en scène La Pluie d’été avec six comédiens laissant voir le vertige existentiel des personnages – Nicolas Cartier, Pierre-Yves Chapalain, Philippe Duclos, Julie Lesgages, Philippe Smith et Catherine Vinatier. « La Pluie d’été est une pièce extraordinaire, empreinte d’une profonde vitalité. Duras, au seuil de sa vie, y célèbre la connaissance de la vie, celle des enfants sauvages, la connaissance intime. Elle met en scène des gens simples qui ont une connaissance qui n’est pas celle des élites. Il m’a semblé urgent de rendre hommage aujourd’hui à ces “gens de peu“ », confie-t-il à nos colonnes (La Terrasse n°225).

Agnès Santi