La Terrasse

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Théâtre - Entretien

La Maladie de la mort

La Maladie de la mort - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre des Bouffes du Nord

Entretien / Katie Mitchell
Théâtre des Bouffes du Nord / d’après Marguerite Duras / mes Katie Mitchell

Publié le 20 décembre 2017 - N° 261

Après Les Bonnes de Jean Genet présenté l’été dernier au Festival d’Avignon, la metteure en scène britannique Katie Mitchell nous plonge dans La Maladie de la mort de Marguerite Duras. Elle dirige Laetitia Dosch, Nick Fletcher et Irène Jacob dans une « performance cinématographique en direct » mêlant théâtre et vidéo.

Qu’est-ce qui vous a décidée à porter à la scène ce court roman de Marguerite Duras ?

Katie Mitchell : Mon texte préféré de Duras est un passage de La Douleur qui raconte comment l’écrivaine et son amant ont recueilli son mari, puis l’ont aidé à revenir peu à peu à la vie, lorsque celui-ci est revenu du camp de concentration nazi dans lequel il était prisonnier. Cette histoire entre fiction et réalité est l’une des choses les plus fortes que j’aie lues sur la Seconde guerre mondiale. Mais ce texte est impossible à mettre en scène. Car on ne peut pas représenter de façon réaliste le corps de quelqu’un qui sort d’un camp de concentration. J’ai donc choisi de créer La Maladie de la mort, une autre œuvre de Duras qui me touche profondément.

En quoi vous touche-t-elle ?

K.M. : J’ai lu ce texte pour la première fois à la fin des années 1980, dans la merveilleuse traduction anglaise de Barbara Bray. J’aime la façon dont La Maladie de la mort explore les thèmes de la sexualité, de l’amour et de la dépression. J’aime la situation très simple dans laquelle nous plonge Duras : une chambre d’hôtel, un nombre de nuits déterminé, une rémunération fixée à l’avance. J’aime l’idée d’un homme tellement désensibilisé qu’il ne peut plus aimer, l’idée de chercher à comprendre pourquoi une femme accepte la proposition faite par cet homme.

« J’aime la façon dont ce texte explore les thèmes de la sexualité, de l’amour et de la dépression. »

Vous avez l’habitude de mettre en lumière la dimension politique des textes. De quelle façon souhaitez-vous faire résonner La Maladie de la mort pour notre époque ?

K.M. : L’année de parution de ce roman, 1982, semble à des années-lumière de l’endroit où nous sommes aujourd’hui, notamment en ce qui concerne les questions liées au genre, aux identités intersexuelles et non-binaires… La maladie de la mort ne cherche à aucun moment à remettre en cause le statu quo politique fondé sur le système patriarcal traditionnel. Cependant, l’adaptation qu’a réalisée l’auteure Alice Birch soulève quelques questions sur les motivations du personnage féminin – questions qui aideront à faire résonner ce texte pour un public d’aujourd’hui.

Pour ce spectacle, vous avez une nouvelle fois conçu une représentation entre théâtre et cinéma…

K.M. : Oui, ce que j’appelle une performance cinématographique en direct. Cette façon de procéder permet de voir, en même temps, un film en train d’être réalisé sur le plateau et le résultat de cette réalisation projeté sur écran. Grâce à l’usage de la caméra, on atteint un degré de subjectivité beaucoup plus important que lors d’une représentation sans vidéo. Les gros plans permettent en effet d’observer de façon unique le regard d’un homme qui, par exemple, se pose sur le corps d’une femme.

 

Entretien réalisé et traduit de l’anglais par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

La Maladie de la mort
du mardi 16 janvier 2018 au samedi 3 février 2018
Théâtre des Bouffes du Nord
37 Boulevard de la Chapelle, 75010 Paris, France

Dans le cadre de la programmation hors les murs du Théâtre de la Ville. Du 16 janvier au 3 février 2018. Du mardi au samedi à 20h30, les samedis à 15h30. Spectacle déconseillé aux moins de 18 ans. Tél. : 01 46 07 34 50. www.bouffesdunord.com

Egalement les 16 et 17 mars 2018 au Grand Théâtre de Luxembourg, du 21 au 23 mars au Stadsschouwburg d’Amsterdam, du 28 au 31 mars à la MC2 à Grenoble, du 4 au 6 avril au Tandem – Scène nationale à Douai, les 20 et 21 avril au Théâtre Forum Meyrin à Genève, du 15 au 17 mai au Théâtre du Gymnase à Marseille, du 16 au 19 août au Festival d’Edimbourg.

 

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