La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Génération désenchantée

Génération désenchantée - Critique sortie Théâtre Genevilliers T2G - Théâtre de Gennevilliers
Julien Gosselin CR : Jean-Louis Fernandez

T2G/ texte Aurélien Bellanger et Julien Gosselin / mes Julien Gosselin

Publié le 20 décembre 2017 - N° 261

A partir d’un texte d’Aurélien Bellanger et avec les comédiens du Groupe 43 du TNS, Julien Gosselin a construit un spectacle sur les mythologies du monde occidental de la fin du siècle dernier, intitulé 1993.

Pourquoi avoir choisi cette date de 1993 ?

Julien Gosselin : C’est l’année de naissance du tunnel sous la Manche. Le tunnel accélérateur de particules du CERN avait été créé peu auparavant. Et c’est aussi le moment où déboule l’Eurodance, un genre musical européen, une musique de boîte de nuit, dérivée de la techno, souvent avec des voix féminines pour les refrains et des rythmes rap dans les couplets. C’est une musique continentale, qui a vécu uniquement en Europe et qui a disparu. Ces trois motifs différents sont récurrents dans le spectacle.

Qu’est-ce qui, selon vous, caractérise cette époque ?

J.G. : On est alors dans un contexte de fin de l’Histoire, concept qui couvre d’ailleurs tout le spectacle. Le mur de Berlin est tombé et l’économiste américain Francis Fukuyama élabore cette théorie scientifiquement boiteuse de la fin de l’Histoire, d’un monde à jamais pacifié grâce au triomphe de la démocratie libérale. En même temps, il énonce que la  renaissance de l’Histoire, et le retour de la guerre, pourraient advenir par l’islamisme ou le nationalisme. Comme Houellebecq, il y a des éléments visionnaires dans son travail.

« 1993 se trouve métamorphosé en pilier métaphorique de cet idéal de liberté qui se cogne à la naissance de la jungle. »

 Qu’apporte dans ce contexte le tunnel sous la Manche ?

J.G. : Ce tunnel va être à l’origine de la création de la jungle de Calais. J’habite à Calais et je vois au jour le jour ce désir d’un paysage politique et urbanistique pacifié, brisé par ce qu’Aurélien Bellanger nomme « des particules inconnues ». Aurélien écrit comment les migrants portent souvent avec eux la sensation, le souvenir, les séquelles de ces guerres que l’Europe pensait avoir définitivement évacuées.

Comment se construit votre spectacle ?

J.G. : En deux parties. D’abord sur le texte d’Aurélien construit comme une grande narration que portent les acteurs. 1993 se trouve métamorphosé en pilier métaphorique de cet idéal de liberté qui se cogne à la naissance de la jungle. Il y est question des villes nouvelles, de la construction européenne, des tunnels et des migrants. Le tout dans un dispositif en forme de tunnel lumineux qui se veut presque une installation. La deuxième partie, sans entracte, est un film tourné en direct, l’écran au-dessus de la scène. Le film d’une fête qui se tient à Calais, d’une jeunesse européenne porteuse d’une certaine violence. Car ce spectacle parle avant tout de la jeunesse.

Et il est joué par de jeunes gens…

J.G : Quand Stanislas Nordey m’a proposé de faire le spectacle du Groupe 43 du TNS, un de mes paris était de ne pas faire un spectacle d’école, de ne pas faire un théâtre d’acteurs où l’on voit chacun à parts bien égales. Je voulais choisir une esthétique radicale et parler de Calais, de quelque chose qui me touche. C’est à partir de là que j’ai contacté Aurélien Bellanger et que tout s’est enclenché.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Génération désenchantée
du mardi 9 janvier 2018 au samedi 20 janvier 2018
T2G - Théâtre de Gennevilliers
41 Av. des Grésillons, 92230 Gennevilliers, France

à 20h, le samedi à 18h, le dimanche à 16h. Relâches le 11 et le 16 janvier. Tel : 01 41 32 26 10.

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