La Trilogie des éléments
Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli mettent [...]
Marcel et ses drôles de femmes n’a jamais aussi bien porté son nom. Le spectacle est une explosion de personnalités, et repose sur le mystère, la fougue et la drôlerie d’une galerie de personnages… et surtout d’interprètes !
« Mesdames et Messieurs, bonsoir, et bienvenue » : le face-à-face artistes-spectateurs commence dans les conventions d’une représentation. Mais les voici qui s’en vont, laissant la scène et le public dans un certain désarroi. La Femme de trop s’annonce en fait comme un spectacle qui ne commence pas, ou plutôt qui repose sur son propre éternel recommencement. Avec quelques nuances près, qui font tout le sel du procédé. Il ne s’agit plus seulement d’une scène d’exposition qui revient, mais d’un déploiement, d’un spectacle qui, pour se poursuivre, procède par ruptures. Les quatre circassiennes rivalisent pour se positionner comme la plus lumineuse, la plus sincère, la plus sympathique, la plus musclée… Derrière, le cadre aérien n’attend plus que leurs prouesses. Mais ce n’est qu’après quelques bides ou ratés qu’une envolée explosive pourra révéler l’ampleur de leur technique. Dans l’intervalle, le spectacle repose beaucoup sur le burlesque – avec Marcel en cinquième femme – et les changements de costumes qui apportent leur lot de figures stéréotypées mais savoureuses.
Déjanté mais profondément humain
La chanson Lonely de Bobby Vinton, revient comme une ritournelle surannée maintes fois réinterprétée, notamment au banjo, quand il ne s’agit pas de Carmen chantée par un groupe d’executive women folles en tailleurs trop serrés. L’équipe cultive les décalages, les redites avec des montées en puissance, dans la drôlerie comme dans la monstruosité. Car, dans tous les revirements que connaîtra la progression du récit, chaque interprète sera poussé dans ses retranchements. Mention spéciale à Liza Lapert, petit oiseau ou femme-enfant qui cache bien son jeu. Au final, on s’attache à ces drôles de dames qui prennent tous les risques possibles, et qui ne cachent pas, malgré les couleurs et l’humour, une certaine solitude. Le spectacle est une ode à la vie, au collectif, mais sans laisser de côté le questionnement sur l’identité, sur la place de l’individu dans le groupe, sur la sexualité… Déjanté, mais profondément humain, comme l’est cette troupe sortie du CNAC en 2013 et qui brûle de mille idées à la seconde.
Nathalie Yokel
Le Monfort, 106 rue Brancion, 75015 Paris. Du 10 au 16 mai 2017, du mercredi au samedi à 20h30. Tél. : 01 56 08 33 88. Spectacle vu au festival Circa à Auch.
Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli mettent [...]