La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Neuf petites filles

Neuf petites filles - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre des Abbesses
Stanislas Nordey. © Benoît Linder

Théâtre des Abbesses / Neuf petites filles / Sandrine Roche / mes Stanislas Nordey

Publié le 28 octobre 2014 - N° 225

Neuf petites filles est un texte de Sandrine Roche inspiré de Récréations (1992),  célèbre documentaire de Claire Simon sur la cruauté des enfants dans les cours de récré. En compagnie de neuf comédiennes, Stanislas Nordey l’a mis en scène.

Qu’est-ce qui vous a conduit à monter ce texte ?

Stanislas Nordey : Je sortais de spectacles graves dans le fond et lourds dans la forme – Tristesse Animal Noir et Par les villages – et je voulais quelque chose de plus volatile offrant beaucoup de possibles dans la construction spatiale. Je ne connaissais pas Sandrine Roche et je suis tombé sur son texte presque par hasard. Elle le présente comme une partition de jazz où l’on peut tordre les choses, changer l’ordre des scènes à sa guise. Et comme son écriture me désarçonnait, j’avais toutes les raisons de monter son  texte.

Est-ce que cela a été facile ?

S.N.  : Je pensais que ça allait être simple, mais ce fut compliqué. Ce n’est pas un théâtre de texte mais de situations, de fragments, de désordre. J’ai bataillé avec cette structure éclatée et au final – c’est ce qu’on me renvoie – ce spectacle ne ressemble pas aux autres que j’ai pu faire. C’est une esthétique plus colorée. Je me suis donc attaché à créer une forme et je suis arrivé ailleurs que là où je pensais.

« J’ai cherché à contrebalancer cette violence par une esthétique acidulée.  »

Sur le fond, le spectacle traite-t-il de la cruauté enfantine ?

S.N.  : Au théâtre, on représente rarement des enfants, pour des raisons évidentes. Personnellement, j’ai des souvenirs d’enfance où j’étais le petit garçon avec des lunettes qui lisait des livres et qu’on persécutait. Sur le plateau, les neuf comédiennes convoquaient leurs souvenirs d’enfance et elles me disaient sans cesse qu’il fallait aller vers plus de violence encore ! La fille un peu grosse, celle qu’on traite d’homo parce qu’elle ressemble à un garçon, celle dont les parents sont pauvres, etc. J’ai cherché à contrebalancer cette violence par une esthétique acidulée.

Neuf femmes sur le plateau pour un homme metteur en scène, comment cela se passe-t-il  ?

S.N.  : Si on ne respectait pas un équilibre, je prendrais trois quarts de filles dans les écoles de théâtre. Je trouve que les actrices sont plus fortes que les acteurs. Novarina le dit bien dans sa lettre aux acteurs. L’acteur est plus encombré et davantage dans le rapport de forces. Les actrices ont plus de disponibilité, moins de susceptibilité. C’est un bonheur absolu de travailler avec elles. Le théâtre est encore un monde de domination masculine, et dans le cadre du TNS, j’ai décidé d’instaurer une parité, pour qu’au bout de cinq ans, il y ait eu autant de femmes que d’hommes dans les équipes de création.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Neuf petites filles
du mercredi 19 novembre 2014 au dimanche 30 novembre 2014
Théâtre des Abbesses
31 Rue des Abbesses, 75018 Paris, France

à 20h30, le dimanche à 15h. Relâche le 24. Tél : 01 42 74 22 77.

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