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Théâtre - Entretien

Scènes de la vie conjugale

Scènes de la vie conjugale - Critique sortie Théâtre Nogent-sur-Marne La Scène Watteau
Nicolas Liautard. Crédit photo : DR

Scènes de la vie conjugale / La Scène Watteau D’après Bergman / Mise en scène Nicolas Liautard

Publié le 28 octobre 2014 - N° 225

En 1973, Bergman écrit et tourne en quelques mois pour la télévision Scènes de la vie conjugale : sa caméra suit l’évolution d’un couple qui va brutalement se déchirer. Le metteur en scène Nicolas Liautard adapte à la scène ce célébrissime téléfilm.

Après Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé, qui s’inspirait du Mépris de Godard, vous puisez maintenant dans Les Scènes de la vie conjugale de Bergman la matière de votre prochaine création. Est-ce une continuité ?

Nicolas Liautard : Lors de la création de Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé, nous faisions souvent référence au film de Bergman pour travailler les scènes conjugales. Cette création s’inscrit donc en effet dans le prolongement de ce travail. Elle me permet d’approfondir la recherche sur le naturalisme du jeu d’acteur et sur la langue parlée. Les comédiens connaissent la structure, les enjeux, le déroulé et l’enchaînement des scènes, mais sans apprendre par cœur les répliques, si bien qu’ils doivent en partie improviser à partir du canevas, inventer en direct. Cette approche se démarque d’une vision du théâtre fondée sur la primauté du texte, de la littérature et son interprétation. Elle revendique l’artisanat du plateau comme un espace d’invention et le rôle créateur du metteur en scène et des acteurs. Dans cette quête de vérité, la langue doit rendre compte de la situation que vivent les personnages. Elle doit être celle de l’ici et maintenant.

Comment avez-vous réalisé l’adaptation ?

N. L. : Nous avons procédé petit bout par petit bout. Nous avons pioché dans le téléfilm, qui dure près de six heures, et pris des extraits que nous avons travaillés en improvisation. Le spectacle est constitué de séquences juxtaposées. Nous avons délibérément gardé ce montage cut, sans chercher à créer du liant. La vie du couple se dessine ainsi par petites touches.

 

« Le cinéma foisonne de scénarios et de personnages formidables ! »

 

Le cinéma semble davantage vous inspirer que la littérature dramatique…

N.L. : Le cinéma foisonne de scénarios et de personnages formidables ! C’est une matière brute dans laquelle le théâtre peut venir puiser à l’infini pour s’inventer. Créer une écriture scénique à partir de ce matériau est jubilatoire, notamment parce que, lorsqu’il s’agit d’une œuvre célèbre, on peut jouer avec les attendus du public, prendre le contrepied ou glisser des clins d’œil. On intègre les traces que le film a inscrites dans les mémoires.

Vous cherchez une vérité du jeu d’acteur. Qu’est-ce que cela signifie ?

N. L. : L’acteur ne peut pas tricher. Il doit devenir totalement son personnage sans prendre de distance, s’y donner corps et âme, donc assumer ce danger-là. S’appuyer sur des situations fortes émotionnellement, que chacun peut avoir vécues au cours de son existence, facilite l’identification, du comédien comme du spectateur d’ailleurs. Le sujet de Scènes de la vie conjugale touche tout le monde. Chercher cette intensité et cette intimité émotionnelle, c’est pousser au paroxysme la fonction cathartique du théâtre.

Entretien réalisé par Gwénola David

A propos de l'événement

L’émotion portée au paroxysme
du samedi 15 novembre 2014 au mercredi 26 novembre 2014
La Scène Watteau
1 Place du Théatre, 94130 Nogent-sur-Marne, France

à 19h30, relâche les dimanches 16 et 23 novembre. Tél. : 01 48 72 94 94. Durée estimée : 3h30 avec entracte.

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